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INTERVIEW

CLOCLO

Journaliste :
Florent, vous avez une filmographie qui est quand même assez originale, on peut difficilement vous cataloguer dans un genre. Comment passe-t-on de « L’Ennemi intime » à « Cloclo », qui sont deux univers bien différents, tant sur le fond que sur la forme ?

Florent-Emilio…

© StudioCanal

Journaliste :
Florent, vous avez une filmographie qui est quand même assez originale, on peut difficilement vous cataloguer dans un genre. Comment passe-t-on de "L’Ennemi intime" à "Cloclo", qui sont deux univers bien différents, tant sur le fond que sur la forme ?

Florent-Emilio Siri :
Vous savez, j’aime le cinéma dans toute sa largeur. Je l’aime d’Antonioni à Zinnemann, en passant par Scorsese ou Spielberg. Je suis encore un jeune réalisateur, n’ayant fait que cinq films en quinze ans, et j’aime bien explorer au cinéma. C’est vrai qu’on m’a souvent mis dans une case parce qu’il y a peu de personnes qui connaissent mon premier film, qui est un film social sur une grève de mineurs dans l’Est de la France ("Une Minute de silence"). On m’a connu par rapport à "Nid de guêpes" et les Américains m’ont appelé pour faire "Otage", puis je suis revenu pour faire un film sur la Guerre d’Algérie… C’est vrai que Claude François, je n’y avais pas pensé ! (Rires) Ce qui c’est passé, c’est que souvent on passe son temps à chercher des sujets, puis il y a des sujets qui vous trouvent, finalement. Il est mort quand j’étais enfant et, comme pour beaucoup de monde, les souvenirs que j’en avais tenaient du cliché : un chanteur un peu efféminé, entouré de jolies femmes… Ce sont deux producteurs qui sont venus me voir et m’ont proposé ce projet, Cyril Colbeau-Justin et Jean-Baptiste Dupont. J’étais un peu dubitatif au départ, mais ils m’ont donné un documentaire, que j’ai regardé, et là j’ai découvert quelqu’un que je ne connaissais pas. J’ai surtout trouvé que c’était un personnage de cinéma incroyable, avec un destin hors-norme, presque romanesque. Et puis, surtout, je me suis posé la question du Claude François intime.

Journaliste :
Et vous, Jérémie, vous étiez un fan de Claude François ?

Jérémie Renier :
Non, je ne connaissais pas bien. J’ai découvert, en m’attelant au projet, un personnage que je n’imaginais pas. Comme Florent, en fait, j’avais cette image un peu cliché de lui. Et tous les trois, avec Julien Rappeneau, le scénariste, on a vraiment découvert Claude François en travaillant sur le film. Et on est devenu fasciné par lui.

Journaliste :
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, dans vos recherches ?

Jérémie Renier :
Enormément de choses ! Je ne le connaissais pas, je ne savais rien de sa trajectoire de vie, qu’il était en Égypte, son rapport avec son père… J’ai découvert plein de choses. Et c’est ce qui me plaît avec le film, cette histoire, c’est que comparé à d’autres chanteurs, dont on imagine volontiers l’histoire ou la personnalité, on découvre ici totalement Claude François. Et donc du coup, la curiosité est beaucoup plus éveillée. C’est vraiment un personnage fascinant, avec qui j’ai passé un an de ma vie…

Journaliste :
Vous étiez surpris qu’on vous propose le rôle ?

Jérémie Renier :
Oui. La première fois, c’était pas sur ce projet-là. Il y a une dizaine d’années, un réalisateur était venu me voir pour me parler de son projet de film sur Claude François, et j’avais été surpris : je ne savais pas que je lui ressemblais ! (Rires) Le projet ne s’est pas fait, mais ça avait éveillé ma curiosité. J’avais raconté ça à ma mère, qui m’avait offert un bouquin de photos de lui, et c’est vrai que sur certaines, il y avait une ressemblance. Mais pour arriver au résultat qu’on voit dans le film, c’est un vrai travail, de la part du maquillage, de la coiffure, et de l’interprétation.

Journaliste :
Justement, par rapport à votre travail d’acteur, on vous a connu chez les frères Dardenne, vous avez beaucoup tourné dans ce cinéma-là. Donc, de vous retrouver aujourd’hui en costume à paillettes, avec un énorme travail physique, qu’est-ce que cela change dans votre travail ?

Jérémie Renier :
C’est surtout qu’il y avait énormément de choses à appendre, à digérer, par rapport au personnage, qui était très riche. Quand j’attaque un personnage, j’y vais toujours avec la même envie, la même volonté, j’essaie d’y trouver toutes les richesses possibles. C’est sûr que Claude François, pour un acteur, est un personnage hyper intéressant, avec tellement de facettes, de caractères différents.

Florent-Emilio Siri :
Ce n’est pas un costume facile à endosser, celui de Claude François. Là, il faut savoir danser, il faut savoir chanter, il faut savoir jouer des percussions. Il y a toute une gestuelle, une voix à capter… Et Jérémie a fait un travail incroyable, du début à la fin du projet. Le personnage n’a jamais cessé d’évoluer pendant le tournage…

Journaliste :
Qu’a pensé la famille de Claude François de ce projet ?

Florent-Emilio Siri :
L’une des premières démarches des producteurs a été d’aller voir ses fils. Parce que faire un film sur Claude François sans l’aval de sa famille, c’était difficile. Après, Julien Rappeneau, Jérémie et moi, on a été voir les enfants pour leur expliquer qu’on ne voulait ni faire une hagiographie, ni un film à charges, mais qu’on voulait montrer toutes les facettes de leur père. C’était important pour nous.

Journaliste :
Vous dites souvent que vous aimez beaucoup apporter, ou retrouver, quelque chose de vous-même dans les personnages de vos films. Dans ce personnage de Claude François, quel est l’aspect qui vous a le plus parlé ?

Florent-Emilio Siri :
Disons que je comprenais que, quand on vient d’en bas, et qu’on arrive à quelque chose, l’on puisse être angoissé par la perte de tout ça, cette peur de retomber tout en bas. Et puis, sans rentrer dans le détail de ma vie, j’ai perdu, jeune, un parent, et je sais que l’on se construit différemment quand on perd quelqu’un très jeune. On devient peut-être plus fort, et en même temps plus sensible. Ce sont des points d’ancrage que j’avais avec lui.

Frederic Wullschleger Envoyer un message au rédacteur

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