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INTERVIEW

AU FOND DES BOIS

Journaliste :
Vous avez eu l’idée de ce film en lisant une chronique dans un journal. Est-ce que le résultat final correspond à l’idée que vous aviez eu initialement ?

Benoît Jacquot :
C’est curieux, car paradoxalement, c’est une question qui m’intéressait : le rapport entre…

© Les Films du Losange

Journaliste :
Vous avez eu l'idée de ce film en lisant une chronique dans un journal. Est-ce que le résultat final correspond à l'idée que vous aviez eu initialement ?

Benoît Jacquot :
C'est curieux, car paradoxalement, c'est une question qui m'intéressait : le rapport entre le film tel qu'il est maintenant et l'imagination que j'en ai eu immédiatement en lisant cet article. Je dois dire qu'il n'y a pas beaucoup de différence. Même si le film est composé d'éléments et d'événements qui me surprennent, l'idée que j'avais au départ était que justement cela me surprenne. Donc j'ai fait en sorte d'être surpris par le film comme je le voulais dès le départ, mais selon les premiers éléments qui m'ont donné l'envie de ce film.

Journaliste :
Ne redoutiez-vous pas d'être un peu restreint par la vérité, la rigueur de l'histoire ?

Benoît Jacquot :
Pas du tout, c'est plutôt l'inverse. Ce qui était en jeu dans cette histoire semblait pouvoir me donner la liberté de faire un travail d'imagination assez radical. Les éléments de chronique auxquels je pouvais avoir accès me donnaient la possibilité de les composer dans un ordre qui est le mien, celui de cette fiction que je pouvais faire naître de cette histoire.

Journaliste :
Le film reste très ouvert et pose beaucoup de questions, en avez-vous une thèse ?

Benoît Jacquot :
J'ai une thèse : ce qui est en jeu dans ce film est indécidable. On ne peut pas décider si le personnage est un violeur manipulateur, forcené ou non. On ne peut pas décider que ce que Joséphine (l’héroïne) traverse, elle l'a voulu ou elle l'a subit. C'est ce qui m'intéresse : cette ambiguïté, cette ambivalence qui persiste. Mais la question reste de toute façon ouverte, autant pour les spectateurs que pour les protagonistes eux-mêmes. Cette question concerne chacun de nous, surtout en ce qui concerne les rapports amoureux. On n'arrive jamais à connaître le degré de hasard et de nécessité des rencontres les plus importantes que l'on fait, qui sont en générales des rencontres amoureuses.

Journaliste :
C'est la sixième fois que vous tournez avec Isild Le Besco. Qu'est-ce qui vous fascine chez elle?

Benoît Jacquot :
Sa personne a un rapport très manifeste avec les personnages que je peux lui proposer d'incarner. Pour moi, cela va de soi. Quand je tombe sur une histoire comme celle-là avec un personnage comme celui-là, celui de Joséphine, presque mécaniquement je pense à elle. Elle a une espèce d'étrangeté qui la singularise fortement et qui donne accès directement à cette ambiguïté, qui commence physiquement : elle est tour à tour, voire en même temps, ravissante, angélique, et laide à faire peur, terrifiante. Il y a une sorte de relief mental et physique chez elle qui s'accorde très bien avec ce que je cherchais à montrer.

Rémi Geoffroy Envoyer un message au rédacteur

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