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HELP

Un film de Marc Abi Rached

Des personnages difficiles à cerner

Souraya est une prostituée menacée par Jacques, un mafieux. Elle trouve refuse chez un ami gay qui, lui aussi, tapine. Un soir, ils abordent Ali, un adolescent de 14 ans qui vit dans la carcasse d’une camionnette et troque des métaux contre quelques billets pour subsister. Pendant ce temps, Maroun, chauffeur de taxi démuni, se découvre une étrange ressemblance avec Jacques alors qu’il conduit ce dernier à son bureau. Les décisions des uns et le destin des autres s’entrecroiseront et bouleverseront leurs existences…

Sortie Direct en Vidéo le 22 novembre 2011

Sorti exclusivement en DVD en France grâce à l’éditeur Epicentre, ce film libanais a fait l’objet d’un scandale dans son pays d’origine puisqu’il s’est vu retirée son autorisation de diffusion trois jours avant son exploitation. La raison ? Malgré l’incompréhension du réalisateur, il semblerait qu’en plus de la représentation de l’homosexualité, la nudité de l’actrice principale qui se trouve être la fille d’un député et diplomate libanais ait dérangé les autorités de censure. C’est donc estampillé « interdit de diffusion au Liban » que « Help » nous est aujourd'hui vendu.

Au-delà de la polémique, qui ne trouvera sans nul doute pas écho chez les occidentaux puisque les scènes « chaudes » sont en fait très soft par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir dans nos salles, le film est par ailleurs, bien moins impactant psychologiquement qu’un « Sleeping beauty » ou un « Shame » traitant tous deux à leur façon de l’isolement à travers des personnages se réfugiant dans des rapports sexuels sans lendemain. « Help » est, quant à lui, un nouveau film choral narrant les destins malheureux de plusieurs personnages qui se croiseront dans une séquence finale dramatique. Classique donc. Et la prolifération de ce genre de drames ne sert malheureusement pas Marc Abi Rached. Mis à part une poignée de films ayant réussi l’exercice (« « Ajami »...), nombreuses sont les tentatives ratées (« 1 journée » ou « Après le sud ») qui ont jonché les écrans ces dernières années depuis l’explosion des films d’Iñarritu.

En dépit de quelques qualités de mise en scène, notamment une photographie très agréable à contempler, couplée à de morceaux musicaux qui contribuent de manière envoûtante à ce sentiment d’errance et d’exclusion de ses personnages, « Help » pèche, comme bien d’autres avant lui, au niveau de la narration. Poussive et rarement claire sur les situations de ses protagonistes (en particulier Jacques et Marouni), il est recommandable de lire le synopsis avant de presser « lecture », au risque de décrocher très vite. Toujours évasif sur les motivations et les peines de ses personnages, le réalisateur prend pourtant la peine de s’attacher à chacun d’eux, même si la curieuse et soudaine relation entre Souraya et Ali occupe la majeure partie de l’histoire. On se rend bien vite compte que le chauffeur de taxi et le mafieux ne sont finalement que des éléments permettant au scénariste d’amener le drame vers cette histoire d’amitié entre deux exclus de Beyrouth.

C’est bien dommage car les interprétations sont solides et les acteurs ne manquent pas de présence… contrairement à leurs personnages ! Conséquence : leurs tribulations sont suivies de loin et l’empathie est au rang des absents. On aurait pourtant aimé être pris par les tripes.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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