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INSOLITE : les films dans lesquels plusieurs interprètes se partagent le même personnage
Alors qu’il est bientôt l’heure de faire le bilan de l’année 2024, revenons d’abord sur une curiosité de cette année, "Daaaaaalí !" de Quentin Dupieux, dans lequel plusieurs acteurs jouent le même personnage. Revenons sur cette spécificité, qui concerne à la fois des situations très courantes et des cas bien plus singuliers.
Avant de nous focaliser sur les cas les plus particuliers ou originaux, explorons d’abord les circonstances plus ou moins récurrentes :
Le cas le plus classique concerne évidemment les films dans lesquels un personnage est montré à plusieurs époques de sa vie (bien que le maquillage et les effets spéciaux puissent parfois permettre à un même interprète de s’occuper de plusieurs périodes, comme Brad Pitt dans "L’Étrange Histoire de Benjamin Button" pour n’en citer qu’un). Les exemples existent donc en très grand nombre, donc sélectionnons-en quelques-uns de manière très arbitraire : "Il était une fois en Amérique", "Le Dernier Empereur", "Titanic", "La Cité de Dieu", "Big Fish", "Men in Black III", "Moonlight"…
Autre cas assez courant : plusieurs bébés ou jeunes enfants, parfois jumeaux, sont utilisés alternativement pour un même rôle. Citons par exemple "Willow", "Chérie, j’ai agrandi le bébé" ou "Les Valeurs de la famille Addams". Dans le même esprit, on citera un exemple plus rare d’utilisation de cette technique à un âge plus avancé : dans le film australien "Sweet Country", deux jumeaux aborigènes (Tremayne et Trevon Doolan) ont été utilisés en alternance pour un seul personnage adolescent.
Même si cela n’entre pas stricto sensu dans le thème puisqu’on change de film, on peut tout de même évoquer les changements de casting d’un film à l’autre d’une franchise, par choix ou par contrainte : c’est par exemple le cas pour Frénégonde/Béatrice dans "Les Visiteurs", l’Oracle dans "Matrix", Dumbledore dans "Harry Potter", ou encore Grindelwald dans "Les Animaux fantastiques".
On trouve aussi un grand nombre d’exemples où des personnages changent de corps ou de visage pour diverses raisons. Il peut s’agir de protagonistes qui se retrouvent – volontairement ou non – dans le corps d’un autre, comme dans "Freaky Friday", "Dans la peau d’une blonde", "Volte/Face", "Jumanji : Bienvenue dans la jungle", "Get Out" ou "L’un dans l’autre". Cela concerne également les personnages métamorphes qui ont la capacité de prendre l’apparence d’un autre : le T-1000 dans "Terminator 2", Mystique dans "X-Men"... En outre, on mettra dans cette catégorie les exemples de déguisements de très haute qualité comme l’usage du polynectar dans "Harry Potter" ou les masques en silicone dans la saga "Mission impossible" !
Enfin, sans rien divulgâcher, on mentionnera un autre cas : dans certains films, un retournement final nous permet de comprendre que deux rôles apparemment distincts ne sont en fait qu’un seul et même personnage (on vous laisse le soin de les reconnaître, le plus célèbre mettant en scène des gars qui aiment la castagne…).
Maintenant, place aux cas bien plus singuliers ou cocasses !
CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR (1977)
Personnage : Conchita / Nombre d’interprètes : 2
En cours d’écriture, Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière réfléchissent à la cohérence psychologique du personnage féminin, Conchita, qui est énigmatique et fluctuante. Vient alors une idée : la faire incarner par deux actrices très différentes qui incarneraient deux facettes du personnage. Le cinéaste met un temps ce concept de côté en considérant qu’il s’agit d’un « caprice d’un jour pluvieux », mais l’idée est finalement reprise lorsque Buñuel se rend compte, dès le début du tournage, qu’une seule actrice, aussi talentueuse soit-elle, ne pourrait pas incarner toutes les facettes de Conchita.
Ce concept permet d’explorer ce qu’annonce le titre : le désir est un phénomène mystérieux qui peut altérer les perceptions. À l’écran, le regard – donc les désirs – du protagoniste masculin (joué par Fernando Rey) prend ainsi la forme de ces deux apparences physiques, mais aussi de deux tempéraments distincts. Carole Bouquet interprète la version plutôt élégante et distante de Conchita, alors qu’Ángela Molina s’empare de la personnalité plus souriante et aguichante, les deux ayant notamment des approches très différentes de la sexualité.
UNE SALE HISTOIRE (1977)
Personnage : le voyeur / Nombre d’interprètes : 2
Dans ce moyen métrage de Jean Eustache, la même histoire est montrée de deux manières successives. Si on était mauvais esprit, on pourrait dire qu’il s’agit tout simplement de deux courts métrages qui se succèdent en adaptant la même histoire. Mais c’est plutôt un exercice de style, qui consiste à faire rejouer par un acteur le récit d’un documentaire, en interrogeant à la fois la question de la représentation (la « réalité » est-elle plus authentique ?) et celles de la sexualité, du désir et des tabous (est-ce plus acceptable dans une fiction ?). Pour mieux bousculer les codes et les attentes, Eustache ouvre le diptyque par la partie fiction, avec un personnage interprété par Michael Lonsdale, racontant à un petit groupe de personnes la manière dont il est devenu voyeur. Dans la partie documentaire (ou « document ») qui suit, Jean-Noël Picq fait le même récit, présenté comme autobiographique et donc vrai (l’est-il ?). On prend en même temps conscience que Lonsdale avait repris mot pour mot les propos de Picq et leur avait ainsi donné une autre ampleur – le dispositif filmique est également différent, que ce soit dans le matériel utilisé et les choix de montages.
STAR WARS, épisodes IV à VI (1977-1983)
Personnage : Dark Vador / Nombre d’interprètes : 3 (hors doublure)
Le cas est célèbre : il y a plusieurs acteurs différents pour incarner Dark Vador dans la trilogie d’origine. Dès l’épisode IV ("Un nouvel espoir"), c’est le culturiste britannique David Prowse qui est filmé, mais il n’est pas reconnaissable à cause du masque et c’est l’acteur James Earl Jones qui enregistre la voix en postproduction. Le choix de Prowse, qui mesure près de 2m, est guidé par la volonté d’imprimer physiquement la présence imposante du personnage, mais, bien que le culturiste ait déjà de nombreuses expériences au cinéma et à la télévision (il incarne par exemple à deux reprises la Créature de Frankenstein, ainsi qu’un garde du corps dans "Orange mécanique"), George Lucas préfère engager un autre acteur pour enregistrer les répliques, notamment à cause de l’accent britannique et rural très marqué de Prowse (qui lui vaut d’ailleurs d’être surnommé « Darth Farmer » par Carrie Fisher lors du tournage !). Le réalisateur envisage d’abord de demander à Orson Welles (mais il trouve sa voix trop reconnaissable) avant de choisir James Earl Jones, dont le nom n’apparaît toutefois au générique que lors de l’épisode VI ("Le Retour du Jedi").
Si le cas est singulier, c’est aussi parce que Prowse ne connaît pas les intentions de Lucas. Il avait d’ailleurs eu le choix entre Dark Vador et Chewbacca, et il avait opté pour le premier en pensant qu’on pourrait voir son visage ! Peine perdue : il n’est pas au courant que Dark Vador porte systématiquement un masque, et, après la délusion concernant la voix, c’est à nouveau un camouflet quand le personnage ôte son casque dans l’épisode VI, Lucas faisant appel à un troisième larron pour interpréter le personnage pour cette unique scène ! C’est donc Sebastian Shaw qui donne un visage à Dark Vador. On pourrait même ajouter un quatrième interprète même s’il tient plus de la doublure que du jeu : l’escrimeur Bob Anderson a en effet tourné les combats au sabre laser, ce qui a contraint Lucas à filmer le personnage différemment à cause de la différence de carrure entre Anderson et Prowse.
Notons qu’il existe d’autres films dans lesquels la voix des acteurs ou actrices a finalement été doublée par une autre personne en postproduction, pour diverses raisons. C’est par exemple le cas pour "Opération Dragon" en 1973 (Keye Luke double la voix de Han qui a les traits de Shih Kien), "Le Justicier solitaire" en 1981 (le héros est joué par Klinton Spilsbury, mais doublé par James Keach), "La Folle Histoire de l’espace" en 1987 (la mime Lorene Yarnell donne corps à Dot Matrix, la parodie féminine de C-3PO, et Joan Rivers enregistre la voix), "On est quitte" en 1993 (Mira est interprétée par l’actrice espagnole Paulina Gálvez, mais le dialogue, en russe, est joué par Yuliya Tarkhova), "Ed Wood" en 1994 (Vincent D’Onofrio incarne Orson Welles, mais sa performance vocale a déçu Tim Burton qui a engagé Maurice LaMarche pour le doubler au montage), "Les Chenapans" en 1994 (Billy « Froggy » est incarné par Jordan Warkol, mais la voix est assurée par une actrice, E.G. Daily), ou encore "Harry Potter à l’école des sorciers" (le gobelin Gripsec est joué par Verne Troyer mais la voix est celle de Warwick Davis, par ailleurs déjà au casting de la saga dès ce premier opus pour le personnage de Filius Flitwick).
AMERICAN SPLENDOR (2003)
Personnages : Harvey Pekar et Joyce Brabner / Nombre d’interprètes : 3 chacun
On pourrait considérer en partie ce film parmi ceux qui ont recours à deux interprètes jouant un personnage à des âges différents, mais ce cas mérite un traitement à part. De quoi s’agit-il ? À l’origine, "American Splendor" est une série de comics underground écrite par Harvey Pekar qui se met en scène lui-même, et dessinée par divers artistes dont le célèbre Robert Crumb. Lorsque Shari Springer Berman et Robert Pulcini s’emparent de cette œuvre (et aussi du roman graphique "Our Cancer Year" coécrit par Pekar avec Joyce Brabner) pour en faire un long métrage, ils n’en font pas une simple adaptation de type biopic mais décident de mêler à l’écran la fiction, le documentaire, la BD et l’animation. Cela donne une œuvre aussi singulière que le matériau d’origine, dans lequel Harvey Pekar n’a pas toujours la même apparence.
Ainsi, Pekar lui-même intervient dans son propre rôle sous plusieurs formes : dans les scènes relevant du documentaire et dans des images d’archives, mais aussi en tant que narrateur et comme voix du personnage en version animée. Dans les scènes de reconstitution fictionnelle en prises de vues réelles, c’est Paul Giamatti qui l’incarne (ainsi que le jeune Daniel Tay pour les scènes sur son enfance). Et ce n’est pas tout : le comédien Daniel Logue donne également corps à Pekar dans une incarnation théâtrale de l’auteur dans une pièce à laquelle Pekar assiste (sous les traits de Giamatti).
Il en est de même pour Joyce Brabner, épouse et collaboratrice de Pekar, qui apparaît elle-même tout en étant incarnée par deux actrices : Hope Davis pour la partie biopic et Molly Shannon pour la pièce de théâtre. Ajoutons la double présence de Toby Radloff, ancien collègue de bureau de Pekar, qui intervient lui aussi dans la partie documentaire et qui est joué par Judah Friedlander dans la partie fiction.
PALINDROMES (2004)
Personnage : Aviva / Nombre d’interprètes : 8
Le personnage principal de ce film de Todd Solondz est une adolescente de 13 ans qui est incarnée par huit interprètes ne correspondant pas forcément aux caractéristiques que l’on pourrait attendre pour le rôle. Ainsi, au fil de huit segments, Aviva a des apparences physiques variées (y compris la couleur de peau avec l’actrice afro-américaine Sharon Wilkins), elle peut être jouée par des personnes moins ou plus âgées que le personnage (comme Jennifer Jason Leigh, alors quarantenaire) et même par un garçon (Will Denton). Le célèbre critique Roger Ebert a vu dans ce film un « labyrinthe moral » qui cherche la provocation en cultivant l’ambiguïté et la perplexité, avec cette histoire de jeune fille qui se retrouve enceinte et où se pose la question de l’avortement (les diverses rencontres que fait le personnage permettent d’entendre des positions variées sur le sujet).
I'M NOT THERE (2007)
Personnages : des alter ego de Bob Dylan / Nombre d’interprètes : 6
Au sens strict, ce film n’entre pas dans le cadre de cet article car les différents personnages ont tous des noms différents. Mais on ne peut pas passer à côté du fait que chacun incarne un aspect et une période de la vie de Bob Dylan, y compris pour ceux sont nommés d’après une autre personne réelle (comme Billy the Kid ou Arthur Rimbaud). Le réalisateur Todd Haynes explique que ce choix de six interprètes différents (et même un septième initialement prévu dans le scénario) s’explique par l’impossibilité de saisir l’identité complexe et évasive du chanteur, qui s’est constamment transformé au cours de son existence. Ainsi, cinq acteurs et une actrice incarnent ces alter egos de Bob Dylan : Christian Bale, Cate Blanchett (primée à la Mostra de Venise et aux Golden Globes pour ce rôle), Marcus Carl Franklin, Richard Gere, Heath Ledger et Ben Wishaw.
L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (2009)
Personnage : Tony / Nombre d’interprètes : 4 (hors doublure)
C’est un cas de force majeure qui pousse Terry Gilliam à choisir plusieurs acteurs pour incarner Tony : la mort tragique de Heath Ledger, à 28 ans seulement, des suites d’une intoxication médicamenteuse. Par « chance », les caractéristiques de la production sur laquelle il est alors engagé sont favorables pour trouver une solution – et Gilliam évite ainsi de revivre l’annulation d’un tournage, pile dix ans après la catastrophe de "L’Homme qui tua Don Quichotte" qui est racontée dans "Lost in La Mancha". Ledger est alors l’une des têtes d’affiche, avec Christopher Plummer, de la nouvelle réalisation de Gilliam : "L’Imaginarium du docteur Parnassus". Or, il s’agit d’un film fantastique dans lequel un homme (celui incarné par Plummer) se sert de ses pouvoirs pour organiser des spectacles magiques où le public peut accéder à un monde imaginaire en passant à travers un miroir.
Au moment où Ledger décède, toutes les scènes concernant le monde réel ont déjà été tournées à Londres et il reste donc ce qui relève du monde imaginaire. Gilliam estime d’abord que l’annulation du projet est inéluctable puis il envisage de recréer le visage de l’acteur en 3D, avant de trouver une autre idée : pour chacun des trois voyages du personnage dans le monde imaginaire, celui-ci peut tout à fait changer d’apparence et de voix ! La solution est tout à fait adaptée au scénario et trois acteurs sont donc engagés. Il les choisit parmi des personnes proches de lui-même ou de Ledger (ce qui explique son refus de Tom Cruise, qui avait proposé ses services !). Le tournage peut donc se poursuivre à Vancouver, où Tony prend tour à tour les traits de Johnny Depp, Colin Farrell et Jude Law – la présence de ces trois célébrités permet d’ailleurs de sécuriser le financement, car la présence de Heath Ledger était initialement un des atouts principaux pour la production. Précisons qu’une doublure (Zander Gladish) a aussi été utilisée pour certains plans dans lesquels le personnage devait apparaître sous les traits de Ledger.
VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU (2012)
Personnages : Eurydice et Orphée / Nombre d’interprètes : 3 chacun
Ce cas est lui aussi très particulier car il repose sur une mise en abyme multiple dans laquelle plusieurs interprètes jouent à la fois leur propre rôle (ou plutôt des protagonistes portant leurs vrais noms) et des personnages de théâtre. Ainsi, des acteurs et actrices sont convoqués dans la résidence d’un ami metteur en scène (dont l’identité est, pour sa part, fictive) qui vient de mourir et qui les avait fait jouer dans la pièce "Eurydice", avec deux générations différentes pour deux créations successives des personnages principaux : Sabine Azéma puis Anne Consigny pour Eurydice, Pierre Arditi puis Lambert Wilson pour Orphée (les autres, tels Mathieu Amalric, Michel Piccoli ou Anny Duperey, sont supposés avoir repris leurs rôles respectifs dans la deuxième version).
Dans cette demeure, ces personnes y visionnent la captation de la même pièce par une troupe plus jeune et se mettent progressivement à rééinterpréter les répliques qui leur reviennent en mémoire. S’ensuit alors une interprétation entremêlant les versions, avec les acteurs et actrices présents dans la maison qui semblent parfois interagir avec la projection (souvent grâce à des regards caméra). Ainsi, tous les rôles de la pièce ont au moins deux interprètes (l’un dans la vidéo, l’autre dans la maison) et les deux principaux en ont trois (aux noms précités, il faut donc ajouter Vimala Pons et Sylvain Dieuaide pour la version projetée). Ce mélange permet d’évoquer diverses thématiques (la mémoire, l’illusion, le secret, la transgression…) et de mettre en valeur la diversité des mises en scène possibles pour une même histoire.
SPIDER-MAN: NO WAY HOME (2021)
Personnage : Spider-Man / Nombre d’interprètes : 3
Voilà encore un usage différent où la présence de différents Spider-Man (ou plutôt Spider-Men donc…) est liée au concept de « Multivers », que le Docteur Strange ouvre malencontreusement en perturbant l’espace-temps dans sa volonté d’aider Peter Parker, incarné par Tom Holland. Des réalités parallèles se rencontrent alors, ce qui fait apparaître deux autres versions de Spider-Man, sous les traits de Tobey Maguire et Andrew Garfield – ainsi que leurs ennemis respectifs comme le Bouffon Vert ou Docteur Octopus.
Ce choix d’interprètes alternatifs n’est évidemment pas un hasard puisque le film, troisième volet d’un reboot réalisé par Jon Watts, fait alors référence à la trilogie de Sam Raimi (2002-2007) et aux deux reboots de Mark Webb (2012-2014), qui mettaient en scène le super-héros de Marvel respectivement sous les traits de Tobey Maguire et Andrew Garfield. La rencontre entre les trois, au-delà des aspects méta, donne lieu à des comparaisons plutôt fun entre les choix scénaristiques ou esthétiques des différentes adaptations (par exemple des répliques concernant les spécificités des costumes de chacun).
THE FLASH (2023)
Personnage : Batman / Nombre d’interprètes : 2 (voire plus…)
Un principe similaire à celui de "Spider-Man: No Way Home" est utilisé par DC Comics dans "The Flash" d’Andrés Muschietti, où le héros éponyme provoque la création d’un univers alternatif en voyageant dans le temps et en modifiant le passé. Ainsi, Michael Keaton et Ben Affleck se partageant le personnage de Batman qu’ils ont chacun déjà interprété dans des films antérieurs. On peut aussi ajouter l’utilisation des images d’archives montrant le super-héros interprété par Adam West dans la série des années 1960, et même un caméo non crédité de George Clooney en Bruce Wayne (mais pas en Batman).
DAAAAAALÍ ! (2023)
Personnage : Salvador Dalí / Nombre d’interprètes : 6
Comme l’indique le nombre de « a » dans le titre du film, ce sont six acteurs différents qui incarnent le célèbre artiste catalan. L’usage traditionnel d’acteurs multiples pour un même personnage à différentes époques peut s’appliquer à l’un d’eux, Didier Flamand, qui joue donc un Dalí plus âgé. Mais ce n’est pas le cas pour les autres : Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et aussi Boris Gillot (qui interprète un « autre Dalí »). Quentin Dupieux, coutumier des mises en scène jouant sur la mise en abyme, l’absurde et l’onirisme, matérialise par ce choix la personnalité hors norme de Salvador Dalí et le surréalisme qui caractérise son œuvre. Notons que le réalisateur a pris en compte certains désirs des acteurs ayant exprimé la volonté de jouer telle ou telle scène. D’autre part, signalons que le nombre d’interprètes n’a pas été fixé en amont de la production : en effet, Jonathan Cohen devait initialement jouer le rôle du producteur (finalement incarné par Romain Duris), mais en s’amusant à imiter Dalí, il a incité Dupieux à revoir ses plans et à lui attribuer une des incarnations du peintre.