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Critique Série : MONEY HEIST : KOREA – PARTIES 1 ET 2

Titre original : Money Heist : Korea – Joint Economic Area
Série créée par Kim Hong-sun d’après la série "La casa de papel" créée par Álex Pina
Avec Kim Yoon-jin, Yu Ji-tae, Park Hae-soo, Jeon Jong-seo, Kim Sung-oh, Lee Won-jong, Kim Ji-hoon, Jang Yoon-ju, Lee Hyun-woo, Kim Jin-hun, Park Myung-hoon, Jang Hyun-sung…

Première diffusion en France : 2022 sur Netflix
Format : 63 à 78 minutes par épisode (12 épisodes)

Synopsis

En 2025, la Corée est réunifiée. Une fabrique de monnaie commune est installée le long de l’ancienne frontière. Alors qu’un important sommet économique, est sur le point de se dérouler à proximité, une équipe de braqueurs issus à la fois du Nord et du Sud prennent les employés et visiteurs en otage…

Critique : La casa de papel à la sauce coréenne

La série espagnole "La casa de papel" a été un tel succès que Netflix semble vouloir en tirer des bénéfices jusqu’à plus soif. Après une deuxième saison qui n’a pas satisfait tout le monde et quelques documentaires pour explorer les coulisses, voilà ce qu’on n’attendait pas : un remake coréen !  À première vue, on hésite entre le désintérêt total (à quoi bon revoir à peu près la même chose ?) et la curiosité (après tout, les Coréens nous ont gratifié de nombreuses réussites cinématographiques et télévisuelles ces dernières années).

"Money Heist: Korea" bénéficie d’au moins une originalité qui pourrait pimenter autrement le scénario : le récit imagine en effet une Corée en cours de réunification dans un futur proche (2025). Ce n’est certes guère crédible géopolitiquement parlant, mais le potentiel fictionnel est intéressant.

En visionnant la première partie, c’est malheureusement la déception et l’ennui qui dominent, tant on ne peut s’empêcher de comparer et de se focaliser sur l’impression de copié-collé. Le potentiel apporté par la réunification coréenne passe ainsi au second plan durant cette partie et l’intrigue s’avère parfois confuse sur ce point. Seules satisfactions (mais qui n’est pas toujours exploitée sur la longueur) : d’une part les tensions qui se font jour parmi les otages entre Coréens du Sud et du Nord, d’autre part la justification du braquage pour dénoncer les inégalités, la corruption et les différentes hypocrisies qui accompagnent une réunification peu vertueuse.

Les personnages sont bien trop calqués sur les protagonistes originaux, dont ils reprennent les pseudonymes à base de villes (et exactement les mêmes) ainsi que de nombreuses autres caractéristiques, jusqu’aux tics (citons le rire de Denver ou la manie qu’a le Professeur de réajuster régulièrement ses lunettes). Inversement, alors que les Coréens sont capables d’œuvres sulfureuses (voir par exemple des films comme "Oasis" et "Mademoiselle"), la production de "Money Heist: Korea" se montre très prude par rapport à la version espagnole, expurgeant le scénario de la plupart des aspects romantiques et érotiques (exit la relation entre Tokyo et Rio ainsi que la perversité sexuelle de Berlin – qui reste toutefois psychopathe). Bien que les acteurs coréens livrent des performances globalement honorables, certains n’ont pas autant de charisme que leurs homologues espagnols : par exemple Yu Ji-tae, Jeon Jong-seo, Lee Hyun-woo et Jang Yoon-ju n’atteignent pas la cheville d’Álvaro Morte (le Professeur), Úrsula Corberó (Tokyo), Miguel Herrán (Rio) et Alba Flores (Nairobi). Il est en revanche agréable de revoir Kim Yoon-jin (que beaucoup connaissent grâce à la série "Lost"), qui endosse parfaitement le costume de la négociatrice Seon Woo-jin et n’a pas de quoi pâlir face à Itziar Ituño (Raquel Murillo). Soulignons aussi la bonne prestation, dans le rôle de Berlin, de Park Hae-soo, que l’on avait découvert dans "Squid Game".

Fort heureusement, la partie 2 de la série est plus enthousiasmante, non seulement parce que le scénario prend plus d’autonomie par rapport à "La casa de papel", mais aussi parce que la mise en scène qui ose de nouvelles propositions formelles, notamment dans certaines séquences d’action (comme le sauvetage du fils de Nairobi ou le cauchemar de Rio).

Terminons par une remarque anecdotique (attention, possible spoiler) : dans "La casa de papel", le Professeur part couler des jours sereins en Asie du Sud-Est après le braquage, donc la version coréenne imagine l’inverse en termes de continent, avec le Professeur partant pour l’Europe. Ironie du sort, son coin de paradis se situe… à Kherson, en Ukraine ! Évidemment la série a été créée avant l’invasion russe…

Raphaël Jullien Envoyer un message au rédacteur

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