ZION
Les Misérables des Antilles
S’il a l’habitude des petites arnaques, Chris se voit cette fois confié une mission par un gros caïd. Mais alors qu’il devait effectuer sa livraison, il découvre devant le pallier de sa porte un bébé. Le début d’un engrenage sans fin…

Un rodéo urbain. Une moto qui se cabre sur le son Bendo de Kalash. Pas de doute, ce "Zion" sera loin des paysages paradisiaques de la Guadeloupe et de son image de villégiature. Non, ici, tout sent l’essence et le bitume, les plages de sable fin sont remplacées par la réalité des quartiers, où la violence rôde à la lueur du jour comme de la nuit. Dans ce Pointe-à-Pitre interlope, Chris essaye de survivre tant bien que mal. S’il a déjà franchi la ligne rouge quelques fois, accepter la mission du caïd local, Odell, serait un point de non-retour. Mais l’argent facile a une odeur à laquelle il est difficile de résister. Quelques heures de travail pour chopper la liasse, l’hésitation n’a pas duré bien longtemps. Ce qu’il n’avait pas anticipé, c’est qu’il trouverait un bébé sur le palier de sa porte le jour de son labeur prévu. Le début d’une longue descente aux enfers…
Course contre la montre survitaminée, ''Zion'' est un pur polar citadin où les flics ont déserté la zone. En bas des blocs, on porte le flingue à la ceinture et on tire à balles réelles. La seule loi qui s’impose est celle du plus fort, celui qui maîtrisera le mieux sa portion, peu importe le sang qui devra couler. Au milieu de ce chaos, le protagoniste se démène tant bien que mal pour retrouver la mère de ce bambin abandonné, tout en luttant pour éviter de se faire descendre au détour d’un carrefour. Le récit intime et la violence des gangs s’entrechoquent dans un récit où la testostérone des hommes répond aux moteurs vrombissants des véhicules. Pour son premier long métrage, Nelson Foix déploie une esthétique clipesque pour coller au plus près de l’action, distillant plusieurs scènes d’action particulièrement réussies.
Évidemment, dans ce type d’œuvres, il ne faut pas questionner la rationalité des actions du personnage principal, tant celui-ci multiplie les mauvais choix pour que l’engrenage ne cesse d’empirer. Comme souvent chez les néo-cinéastes, la trame narrative a tendance à un peu s’essouffler au fur et à mesure des séquences, d’autant plus avec une fin considérablement naïve, voire facile. Mais si le chemin était balisé, il n’en demeure pas moins prenant et haletant. Avec des comédiens qui excellent, ce thriller inflammable s’impose même comme un exercice de style remarquablement soigné, qui ose le lyrisme pour mieux transcender son réalisme abrupt. Une carte postale qui ne ravira pas les instances du tourisme, mais qui enthousiasmera certainement les cinéphiles.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
Cathy
vendredi 18 avril - 10h46
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