WOLF MAN
Mords-moi si tu peux
Synopsis du film
Alors que son père est porté disparu depuis quelques années déjà, Blake hérite de la maison familiale en Oregon lorsque la police locale annonce officiellement sa mort. Avec sa femme Charlotte et leur fille, ils décident d’y passer quelques jours. Fuyant la ville, ils s’apprêtent à passer un week-end champêtre en bonne et due forme. Mais peu avant leur arrivée, Blake manque de renverser ce qu’il lui semble être un homme et provoque un accident. C’est alors que la petite famille se rend compte qu’elle a peut être affaire à autre chose qu’un simple être humain…
Critique du film WOLF MAN
En toute franchise, on voulait l’aimer ce film. Bien installé dans la salle obscure, la nouvelle proposition du jeune cinéaste prometteur Leigh Whannell avait attisé notre curiosité seulement grâce au pedigree du bonhomme. Avec comme premiers faits d’armes en tant que scénariste sur "Saw" numéro Uno de James Wan en 2006, le garçon révéla très vite un vrai sens de l’écriture hérité des bonnes séries B des années 80, piochant autant dans le thriller que l’horreur, et est passé à la réalisation avec "Insidious Chapitre 3" en 2015. Évidemment moins bons que ses deux illustres aînés réalisés par son compère de toujours (entendez par là James Wan), il prouve néanmoins une compréhension de la grammaire horrifique donnant lieu à des séquences intéressantes, en plus d’apporter dans son final une émotion surprenante lorgnant du côté de la japanese horror. Et quand on constate ce qu’est devenue la franchise avec les épisodes suivants, ce troisième chapitre peut se targuer d’avoir été le dernier à nous avoir foutu une petite frousse bienvenue.
Et en 2020 ce fut la consécration : en collaboration avec Universal Studios, toujours à l’affût d’une idée pour raviver les monstres emblématiques de son catalogue, le metteur en scène arrive avec une relecture moderne du mythe de l’homme invisible avec en tête d’affiche symbolique l’actrice de la série à succès "The Handmaid's Tale" ("La Servante Écarlate"), Elisabeth Moss. Là où Paul Verhoeven avec son "Hollow Man" en 2000 avait choisi le point de vue du personnage du scientifique qui disparaît (campé à l’époque par le génial Kevin Bacon), afin d’aller à fond dans le voyeurisme et les excès, continuant les thématiques chères au Hollandais violent, cette nouvelle mouture se distinguait par ce point de vue qui passe du prédateur à la proie. Et dans un moment historique où la parole des femmes à Hollywood commençait à se délier sur le rôle agressif et violent des hommes dans cette industrie, autant dire que le film de Leigh Whannell, "Invisible Man", tombait à pic. Entre dénonciation des violences faites aux femmes et émancipation de son héroïne, le film avait le culot de se parer de séquences de frissons folles et d’une mise en scène inspirée. Son précédent film, "Upgrade", en 2018, annonçait déjà les prémices d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens, que ce soit dans l’intime ou dans les séquences d’action.
Alors oui, en cette rentrée 2025, on espérait que cette nouvelle interprétation du mythe du loup-garou soit à la hauteur des talents du monsieur. Nous étions alors loin de nous douter de la douche froide à venir. Oui la séquence d’introduction est bien ficelée et promet beaucoup : un fils et son père partent chasser et alors qu’on remarque un rapport de force entre ces deux hommes, ils se font attaquer par « quelque chose » et les idées autant de cadres que de situations (la fumée de la respiration du monstre indiquant sa position) s’enchaînent, et on se dit qu’on tient là une déconstruction intéressante à venir. Comme l’avait fait "Invisible Man" avec son propre héritage en le renversant, "Wolf Man" indique vouloir se pencher sur la masculinité toxique et la dualité qui habite donc Blake, héritier des cycles de violence de son père et des hommes en général. On distingue alors la pertinence autour de la lycanthropie, qui déjà dans ses premières itérations au cinéma (1941 par Georges Waggner) parlait de santé mentale à la limite de la schizophrénie (chose que le remake de Joe Johnson en 2010 surlignera encore plus) pour ici atteindre une profondeur inattendue autour de la virilité et ses déboires.
Hélas cette esquisse en restera là, comme bon nombre d’idées intéressantes (le changement de point de vue entre Charlotte et Blake qui n'apporte rien hormis une stylisation des séquences) et c’est d’autant plus frustrant quand on voit les moyens déployés au niveau des effets spéciaux quasiment tous réalisés en physique, qui viennent gratter là où ça fait mal. Le souci ? Comme le reste, l’idée ne dure qu’un plan, qu’une seconde, avant de revenir sur un sentier balisé de survie entre home invasion (spécialité de notre cher BlumHouse ici à la production conjointement avec Universal) et faux film de monstre. Pour quelqu’un qui n’a pas mis les pieds dans une salle de cinéma depuis 20 ans et qui n’a jamais vu les réussites incontestables du genre (et évidemment qu’on pense à "Dog Soldiers" en 2001 de Neil Marshal), alors oui le film devrait fonctionner. Mais si vous êtes au fait des poncifs du genre et à l’affût d’un divertissement efficace, mieux vaut passer votre chemin. Et ce n’est pas le casting qui sauvera les meubles malgré la présence d’habitués du genre comme Christopher Abbot ("Possessor" de Brandon Cronenberg 2020) efficace mais finalement peu caractérisé et muet à partir de la 30ème minute ou encore Julia Garner (la série à succès "Ozark") qu’on se désole à voir rabâcher un rôle si ingrat d’une mère qui va devoir apprendre la parentalité. Hormis ses quelques effets sanguinolents, "Wolf Man" n’a pas grand-chose à offrir pour quiconque a déjà vu un film dans sa vie. Rude ? Oui mais juste.
Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur


