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WIND RIVER

Un film de Taylor Sheridan

Un western enneigé âpre et intense

Pour aider une jeune recrue du FBI à résoudre le meurtre d’une jeune fille, Cory, un gars du pays, va mettre tous ses talents de pisteur au service de la police. Mais rapidement, les différentes découvertes vont faire exploser la petite réserve de Wind River, jusqu’à ce que les événements dérapent…

Après avoir été un acteur de seconde zone, comme il le reconnaît lui-même, Taylor Sheridan s’est essayé à l’écriture. En signant les scénarios de "Comancheria" et "Sicario", c’est peu dire que l’ancien comédien a fait des débuts fracassants. Forcément, l’attente était grande pour son premier véritable passage derrière la caméra (le néo-cinéaste avait signé un petit film d’horreur au début des années 2000), et dès les premières minutes, le spectateur se voit rassuré par les qualités plastiques de l’ensemble. En quelques séquences, tout le décor est planté, de l’isolement de la population au sordide de la situation, des enjeux dramatiques à l’arrière-plan social.

Le métrage s’ouvre sur le meurtre sordide d’une adolescente, comme tant de thrillers. Sauf qu’ici, l’action se déroule en plein cœur d’une réserve indienne sur les pleines enneigées d’un Wyoming déserté. Sauf qu’ici, toute recherche du spectaculaire et du sanguinolent est délaissée au profit d’une mise en scène sobre et virtuose (les paysages sont magnifiquement capturés), de dialogues épurés où chaque mot résonne comme une balle, et où le manichéisme n’existe pas. Car il aurait été très facile de sombrer dans une certaine forme de sentimentalisme avec ce duo composé d’un cow-boy taiseux et d’une jeune recrue du FBI absolument pas prête pour le terrain. Mais il n’en sera rien. Le réalisateur joue avec les détails, préfère le suggéré à l’évident, et s’empare une nouvelle fois avec brio des mythes américains.

Détournant les codes du western, "Wind River" nous rappelle au bon souvenir de ces polars où l’on n’entasse pas les twists pour combler les errances scénaristiques. Renouant avec un classicisme qui sied à merveille à la psychologie et l’antagonisme des protagonistes, le film est une vraie réussite, où un simple mouvement de caméra suffit à nous surprendre, où la tension permanente ne cesse de s’accentuer. Avec un excellent casting (les deux Avengers Elizabeth Olsen et Jeremy Renner font des étincelles), de nombreuses scènes marquantes et plusieurs envolées (la fusillade), le métrage confirme aisément le renouveau de la carrière de Taylor Sheridan. Le savoir aux commandes du scénario de la suite de "Sicario" aurait presque tendance à nous rassurer malgré le départ de Denis Villeneuve. Wait and see !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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