WALLACE ET GROMIT : LA PALME DE LA VENGEANCE

Bijou d’animation enrobé d’une délicieuse madeleine de Proust

Feather McGraw, le manchot diabolique et ennemi juré du duo, est sous les barreaux depuis quelques décennies. Wallace et Gromit vivent des jours heureux au milieu de nouvelles inventions toutes plus folles les unes que les autres, jusqu’au jour où Wallace présente sa dernière création : un nain de jardin robotique dotée d’intelligence artificielle. Alors que le voisinage s’extasie sur les performances de la machine, dans sa cellule, dans le noir, Feather McGraw prépare son retour et il aurait peut-être trouvé le moyen parfait pour se venger de Wallace et Gromit…

Sortie le 3 janvier 2025 sur Netflix

Wallace et Gromit, c’est l’histoire de la collaboration entre Nick Park et le studio Aardman Animations qui commence, en 1989, autour de ces deux personnages désormais cultes avec le court métrage "Une grande excursion" ("A Grand Day Out"). C’est ainsi que le public découvre ce monde reconnaissable entre mille, fait de pâte à modeler, de fromage et de héros souvent mutiques. Entre son duo de héros irrésistibles – Wallace l’amateur de crackers et inventeur fou et son chien muet mais intelligent – et sa patte graphique unique, très vite les deux compères s'installent dans l’imaginaire collectif des grands comme des petits. Plusieurs courts métrages plus tard et un long métrage sorti en 2005 ("Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou"), le studio s’est concentré sur des propositions originales comme "Souris City" en 2006, "Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout" en 2012 ou encore "Cro Man" en 2018.

Malheureusement aucune de ces œuvres ne rencontrera le même succès critique et commercial que leur franchise initiale (à une exception près : "Chicken Run", sorti en 2000, soit avant le premier long métrage de Wallace et Gromit). Bien au contraire, en enchaînant les flops (d’un point de vue box-office), le studio s’est vite retrouvé sur la paille à devoir colmater la coque d’un bateau qui commençait à prendre l’eau et c’est avec "Shaun le mouton" (un semi spin-off de "Wallace et Gromit") que le studio d’animation remonte enfin la pente avec deux longs métrages en 2015 puis 2019. Depuis, ils ont déserté les salles obscures pour se concentrer sur leur partenariat avec la plateforme Netflix, notamment pour "Chicken Run : La Menace nuggets" et un nouveau volet de leur saga emblématique, "Wallace et Gromit" bien entendu. Et bien que l’on pourrait croire de prime abord à une volonté mercantile et sécurisante de parier sur des marques établies plutôt que sur des histoire originale, force est de constater qu’avec ce "Wallace et Gromit : La Palme de la vengeance" s’avère être un beau retour pour le studio britannique.

Le film a l’audace de se vouloir être une suite du court métrage "Un mauvais pantalon" où l’on découvrait pour la première fois Feather McGraw, ce manchot qui se déguisait en poulet pour voler des diamants. Sur le papier, on pourrait se dire que ce n’est pas forcément l’idée qui a dû demander le plus d’effort ! Et pourtant, dès son introduction, le film reprend lors des derniers instants du court métrage et prend un malin plaisir à jouer avec les codes du film de vengeance en filmant Feather McGraw dans sa cellule comme Martin Scorsese filmait De Niro dans "Raging Bull". Avec la précision du timing comique quasiment exclusivement muet dans son prologue, le film commence avec l’agréable sensation de partir sur les bons rails. Et le reste du métrage ne fera que confirmer la bonne forme de Nick Park et de ses équipes, entre intelligence de propos avec la question de la dépendance à la technologie et situations comiques en pagaille, "La Palme de la vengeance" ne peut atteindre la perfection de son prédécesseur ("Le Mystère du lapin-garou"), mais reste d’une qualité d’écriture et technique indéniable de bout en bout et prouve encore une fois qu’il n’y a rien de mieux qu’un film, qu’il soit pour enfants ou non, qui s’évertue à raconter son histoire en narration visuelle. Toujours à la limite du muet à la Buster Keaton et du cartoon à la Tex Avery, "Wallace et Gromit" est une valeur sûre devant laquelle petits et grands peuvent se retrouver le temps d’une aventure endiablée.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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