Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

THE WALK – RÊVER PLUS HAUT

Un film de Robert Zemeckis

Frissons garantis !

Dans les années 60, Philippe Petit se découvre une passion pour le funambulisme. Il s’exerce entre deux arbres, jusqu’au jour où il découvre dans un magazine, la réalisation prochaine à New York des deux plus grandes tours alors jamais construites : les Twin Towers. Il décide ainsi de réaliser le « coup » du siècle : rejoindre les deux édifices en marchant sur un fil…

À l’heure où toute la webosphere célèbre le retour vers le futur de Marty McFly, Robert Zemeckis lui, revient sur la toile avec une histoire qui ne tient qu’à un fil. Un scénario en acier vécut il y a 40 ans par Philippe Petit, ce funambule autodidacte qui réalisa l’impensable : se promener tranquillement d’une tour à sa jumelle, 110 étages au-dessus de Manhattan. Déjà magnifiquement portée à l’écran en tant que documentaire par James Marsh en 2008 ("Le funambule"), cette histoire insensée ressurgit à présent sous la forme d’un biopic naïvement fantaisiste mais aux frissons garantis. 

Perché en haut d'une statue de la liberté en carton pâte, notre héros commence son récit. Son petit accent français déclame une enfance incomprise, une passion dévorante et un besoin irrépressible de marquer l'histoire. Ce fabuleux destin de Philippe Petit peut déconcerter dans sa première partie tant il oscille entre cliché d’un « faux français » à Paris et une réelle poésie narrative so frenchy qui plaît tant outre-Atlantique. Zemeckis installe ainsi son personnage en forçant le trait sur son côté saltimbanque : chevelure de pantin, lentilles bleues perçantes et décors acidulés, pour l’amener progressivement aux pieds des Twin Towers, théâtre démesuré de son incroyable exploit.

Le film prend alors un tout autre relief et délaisse la gentille caricature pour laisser la part belle aux sensations. Avec tout le génie qu’on lui connaît, Zemeckis fait progressivement monter notre taux d’adrénaline en faisant virevolter son personnage, autant déterminé que surexcité, au sommet majestueux d’une tour inachevée, aux poutrelles instables et aux rambardes de sécurité quasi inexistantes. Pour les terrifiés du vide absolu dont je fais partie, l’expérience devient très vite une véritable épreuve physique aussi sadique que jouissive. On se crispe, se recroqueville, les muscles ankylosés de vouloir se raccrocher à tout prix à la sécurité de son fauteuil. Puis vient cette scène ultime, superbe et magnifique, qui vous laisse définitivement KO, les jambes chancelantes et le souffle coupé.

Ce plaisir extrême, amplifié par une 3D parfaitement dosée, fait très vite oublier les quelques faiblesses du début. On ressort du cinéma lessivé mais ravi par cette magie que peu de films arrivent à susciter, celle de vous transporter aux limites de vous-même. Une expérience unique à ne surtout pas manquer lors de sa sortie en salles, tant la vivre sur petit écran serait du gâchis.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire