VULCANIZADORA

Passé par la Semaine de la critique du Festival de Berlin 2025, "Vulcanizadora" met en scène deux hommes autour de 30-40 ans, lancés dans une apparente randonnée en forêt où l’insouciance semble de mise, des jeux avec des pétards précédant la découverte d’un petit trésor caché d’adolescence, un montage de tente difficile ou encore une danse sous influence au son de haut parleurs. Mais rapidement de petits indices viennent semer le trouble autour des intentions du duo, de rubans roses laissés par Derek façon Petit Poucet mais faisant dire a Marty : « je ne reviens pas en arrière », « on va le faire ». Et avec cette phrase apparaît l’intelligent début de renversement de l’ascendant de l’un sur l’autre, qu’on croyait du côté de Derek mais qui pourrait bien finir du côté de Marty.

Doucement, le scénario égrène les petits détails concernant la vie minable de chacun des deux personnages, interrogeant sur la force de l’un, dont l’existence s’amenuise peu à peu, comme sur le sentiment de culpabilité et l’absence de perspective de l’autre. Marquant un tournant avec leur arrivée au dessus d’une plage, ce film au très beau générique de début (un plan sur des substances se dilatant avec le feu en des volutes noires solides) joue les renversements de situation et surprend non pas réellement par l’interprétation de ses deux acteurs, mais par sa tonalité désespérée, confinant au portrait de deux malchanceux ancrés dans une sorte d’obstination malheureuse à rester parmi les losers, même lorsque la chance vient à leur sourire. Un film gentiment amoral, à l’ambiance étrange et ponctué d’airs d’opéra, où la volonté de s’amender finit par l’emporter malgré tout sur celle d’être justement puni.