Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

VIVA

Un film de Paddy Breathnach

Un joli parcours à la "Billy Elliot" beaucoup plus centré sur la relation père-fils

Un coiffeur de Cuba s’occupe des perruques de transformistes dans un club branché de La Havane. Pour gagner un peu plus d’argent, il s’y fait embaucher comme drag-queen et crée le personnage de « Viva ». Le jour où son père réapparaît, ce dernier lui interdit de continuer cette activité…

Le réalisateur irlandais Paddy Breathnach, auteur de plusieurs films d’horreur dont le délirant "Shrooms" avec ses champignons hallucinogènes et de la comédie "Coup de peigne" avec Josh Hartnett, change à nouveau de registre et tourne à La Havane une comédie dramatique via l’histoire d’une transformation, d’une découverte de soi et d’une affirmation de son identité. Des sujets complexes sur cette petite île en plein boom culturel, mais qui trouvent quelques beaux moments grâce à l’interprétation impeccable de l’ensemble de son casting et à l’écriture simple et sincère du scénario, alors même que le film ne révolutionne pas le genre.

Néanmoins, le spectateur en apprend un peu plus sur le milieu homo de La Havane, sans que cela soit le sujet central du film, et sans non plus tomber dans le cliché ni le pathos. On comprend, depuis quelques temps, et certainement encore plus depuis que l’île s’est ouverte au monde, que Cuba s’est aussi ouverte sur la question gay. Alors que le milieu se cachait il y a encore peu, les clubs de transformistes sont aujourd’hui monnaie courante à La Havane, et le regard sur la communauté gay change… Jesus (interprété tout en douceur et finesse par Héctor Medina) représente parfaitement cette jeunesse qui ne connaît du milieu homo que les drag-queens et la prostitution masculine, dans un Cuba encore authentique c’est-à-dire pauvre et débrouillard. Une prostitution qui n’arrive qu’en dernier recours, généralement pour agrémenter ses fins de mois.

Là où est le film est le plus beau, c’est dans la transformation du personnage principal et dans la relation père-fils qui évolue avec le temps. Héctor Medina impressionne quand on mesure le changement radical qui s’opère entre sa première entrée sur scène et celle qui arrive dans la dernière partie du film. Il est épaulé par un autre comédien non moins convaincant, Mark O'Halloran, un Irlandais (également scénariste du film), qui est tout simplement bluffant dans son rôle de drag-queen, conseiller bienveillant et protecteur à la manière d’un père de substitution.

Le film s’attache donc aussi à analyser cette relation père-fils qui naît sous nos yeux, Jesus n’ayant aucun souvenir de son père et ne possédant de lui qu’une vieille photo en noir et blanc punaisée sur le mur de son appartement. À la manière du film "Billy Elliot", la relation entre eux va être complexe. Elle sera d’abord tendue entre un jeune qui se dirige vers une carrière qui bouscule les conventions et un père qui est un boxeur à la retraite (à noter le parallèle avec le film cité précédemment dans lequel Billy quittait les cours de boxe pour rejoindre sa professeure de danse). Le rapprochement et l’acceptation seront bien entendu au cœur de la relation qui les unira, les deux ayant mutuellement « à se faire pardonner » et « à devoir convaincre ».

Le duo fonctionne parfaitement et fait naître subtilement l’émotion. C’est certainement ce qui a dû toucher Félix Viscarret qui les a réunis pour son nouveau film "Vientos de La Habana" qui trouvera peut-être une date de sortie chez nous prochainement… « Viva » l’espoir… de les voir à nouveau ensemble sur grand écran !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire