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LA VITA OSCENA

Un film de Renato De Maria

À qui appartient le souffle qui me caresse ? Ou l'ennui boursouflé

Au sortir de l’adolescence, un jeune homme perd coup sur coup son père et surtout sa mère adorée, hippie solaire et aimante avec qui il entretenait une relation fusionnelle, toute de tendresse et de complicité. S’ensuit une longue dépression qui le conduit par étapes à sa perte et à sa déchéance, s’enfonçant toujours plus loin dans le mal être, pour flirter bientôt avec le sentiment de vide, de mort et d’inanité, qu'il cherche à combattre en multipliant les expériences extrêmes (psychotropes, prostituées, relation sado-maso...). Épris de poésie, cette situation privée d'issue le conduit à prendre la résolution de se suicider, à l'image de son idole, le poète allemand Trakl, mort après avoir absorbé 17 grammes de cocaïne…

Ce film délibérément plastique ambitionne de nous faire éprouver le voyage en dépression et en dégoût de soi d'un jeune homme se trouvant à une période charnière de sa (courte et sombre) vie, où plane néanmoins une dernière lueur de joie et de bonheur, l’ombre intacte de sa mère chérie. L'absence béante de cette dernière va jusqu'à s’incruster sur les murs de la ville que notre désespéré chronique parcourt de long en large, à la recherche frénétique du salut, prêt à tenter tout et surtout n’importe quoi. Hélas, le réalisateur peine à se hisser à la hauteur des prétentions littéraires de la voix-off du film qui nous guide, entre sentences sur la vie, déclamations graves de poèmes glauques et romantiques et descriptions complaisantes de l'état psychique de notre simili-poète, nous noyant dans un fatras d'images psychédéliques souvent bien faibles et suant la pose arty bas de gamme et parfois grotesque.

Inspiré des “nuits blanches” de Dostoïevski, dont il se veut une libre adaptation tout en se revendiquant étonnamment d’une histoire vraie, le film, sous couvert d’une charge contre l’aliénation (par exemple dans la scène de la jeune prostituée de 18 ans énumérant mécaniquement les dérisoires possessions matérielles que son métier lui a permis d’acquérir en un temps record, comme 4x4, appartement en centre-ville...) se révèle d'un conformisme confondant. La conclusion de ce film est à cet égard éclairante. Il se termine, comme honteux, par un épilogue - rapidement expédié - sur un retour à la normale (inscription en fac de philo, écriture de romans...) pour déboucher sur l’entame d’un roman visant à raconter les parents et l'enfance heureuse du héros !

Si comme nous assène ce film pompier et prétentieux, “toutes les histoires proviennent d’un endroit lointain où nous avons tous été”, toutes ne méritent pas d’être mis en images… Et certainement pas besoin d’en faire tout un plat.

Nicolas Le GrandEnvoyer un message au rédacteur

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