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VILLAGE ROCKSTARS 2

Un film de Rima Das

Un récit écolo, entre âpreté et optimisme

À Kalardiya, petit village de la campagne indienne situé dans la région Assam (nord est), vit Dhunu, complice avec son frère, sous le toit de la maison de leur mère, le père étant décédé lors d’une inondation. Alors qu’ils travaillent en vue d’une nouvelle récolte, Dhunu répète aussi avec son groupe formé d’amis de son âge, espérant se produire sur scène à la ville. Mais peu à peu autour d’eux, les paysans vendent leurs terres, et alors qu’un courtier arpente les villages pour proposer de l’argent, des engins de chantier abattent déjà des arbres le long des champs…

"Village Rockstars 2" est un film indien présenté dans la section Generation du Festival de Berlin 2025, qui suit principalement une adolescente (déjà héroïne de "Village Rockstars" où elle tâchant de trouver une guitare), entre complicité avec son frère, cours à l’école du village, répétition avec un groupe de jeunes, travail aux champs les pieds dans l’eau, mobilisation face aux inondations, et attentions envers sa mère qui s’affaiblît de jour en jour faute de s’alimenter assez. Enrobé dans une belle photographie qui magnifie les lieux, faisant la part part belle aux paysages et aux couchers de soleils, le film se double d'un cri d’alerte sur les conséquences du changement climatique (malnutrition, incapacité a payer l'impôt…), la monopolisation des terres, la surexploitation des ressources... On y découvre notamment de jolies scènes de sensibilisation à la protection d’une espèce d’oiseau (évoqué comme « elephant bird » en anglais), dans une certaine joie exprimée sous forme de chant, chose déjà présente entre les filles de la classe au début du film.

La musique ne monopolise pas ainsi le cœur du métrage, évitant la sempiternelle rengaine sur l’accomplissement de soi par l’art, ce sont ici des questions de survie, de prise en main de leur destin par les femmes (Dhunu va s’emparer des démarches que sa mère n’a pas la force de faire pour garder son lopin de terre), d’exode rural et de regard optimiste sur un avenir pourtant incertain du fait des aléas climatiques, qui constitueront les sujets principaux. Si le drame domine, autour d’une histoire où la persévérance est mise en avant, il en émane une certaine douceur de vivre en ces lieux entre eaux et pluies, que les jeunes semblent encore pouvoir embrasser dans des moments d’insouciance, contrairement aux adultes. L’une des plus belles scènes du film, ou les deux jeunes sont dans une barque au crépuscule, telle une accalmie marquante, semble à elle seule porter cette conclusion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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