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VERY BAD COPS

Un film de Adam McKay

Reservoir cops !

Quand les héros de la ville, les inspecteurs Danson et Highsmith, se « retirent » du service, ce sont aux flics plus modestes comme Gamble et Hoitz de faire régner la loi. Ces autres types, arriveront-ils à faire aussi bien que leurs idoles ?

Passons sur l’affreuse « traduction » du titre original « The Other Guys » (Les autres types) en « Very Bad Cops » qui, après le succès de « Very Bad Trip » (« The Hangover ») l’année dernière, voudrait faire croire au public français que derrière chaque titre commençant par « Very Bad » se cachent 90 minutes de folie visuelle à se tordre de rire comme jamais ! C’est bien connu, « Very Bad Things » (1998) était une grosse comédie pour bouffeur de pop-corn ! Et si on l’avait su avant, « Very Bad-venue chez les ch’tis » et « Very Bad Diner de cons » auraient fait des entrées !... Il faut toutefois reconnaître que ce raccourci marketing simpliste, à défaut d’être explicite sur le contenu du film, a au moins eu le mérite d’avoir permis sa sortie sur nos écrans. On ne peut pas en dire autant de « Stepbrothers » (« Frangins malgré eux » - 2008) et « Talladega Nights : The Ballad Of Ricky Bobby » (« Ricky Bobby : Roi du circuit » - 2006), les deux premiers volets du triptyque sur l’Américain moyen (que vient conclure Very bad cop), qui avaient reçu une traduction honorable mais n’avaient pu voir la lumière d’un projo !

Revenons à nos poulets. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les aventures déjantées et les tribulations hautes en « lose attitude » de simples flics qui, tout comme notre Pinot national (le policier, pas le vin), veulent devenir des « héros ». Le duo McKay/Ferrell a déjà collaboré à plusieurs reprises et réussit à chaque fois, avec brio, à aborder et décrire un pan de la société américaine (d’ou le nom de « Trilogie de l’Américain moyen »), tout en s’inscrivant dans le registre de la comédie pure. Après s’être attaqué au sexisme dans le monde des médias (« Anchorman »), à la fierté et à l’identité nationale à travers le sport (« Ricky Bobby ») et à la famille américaine (« Stepbrothers »), le duo prolifique, lancé par Judd « 40 ans toujours puceau » Apatow (c’est un film qu’il a réalisé, probablement pas sa condition sexuelle), s’attaque à un autre fleuron de la bannière étoilée : les forces de l’ordre.

En mettant en parallèle l’imagerie collective et télévisuelle des super-flics (le duo représenté par Samuel L. Jackson et The Rock) avec d’autres beaucoup plus modestes (Ferrell et Wahlberg), McKay couvre l’ensemble du spectre des forces de police à l’écran. D’un côté, nous avons les super-héros, beaux, musclés, confiants (beaucoup trop, même) adulés du public et de leurs propres confrères . De l’autre il y a Ferrell, en policier-comptable coincé qui ne bouge pas de son bureau et qui est la risée de ses collègues. Les premiers enchaînent les poursuites en ville coûtant des millions de dollars, tuent des braqueurs de banque pendant que les autres vérifient si tel entrepreneur du BTP avait bien le permis de construire pour installer son échafaudage. La fosse qui sépare le personnage de Samuel L. Jackson et celui de Will Ferrell est aussi énorme qu’entre Will Smith dans « Bad Boys » et Didier Bourdon dans le sketch des Inconnus sur la police (aaaah, ce bon vieux Marcel Patoulachi). Et le résultat est détonnant !!!

Ferrell est fidèle à lui-même, et ce rôle de flic pleurnichard et pantouflard possédant un sombre passé (hilarant !!!) lui va comme un gant. C’est dans ce genre de rôle déjanté et débile qu’il est le meilleur, et ces courts flashbacks sur ses origines sont une perle !!! Accompagné par un Mark Walhberg (l’un des acteurs les plus sous-estimés de ces 20 dernières années) voulant joué le flic un peu coriace, alors qu’il est incapable de se faire respecter par sa copine et qu’il est rétrogradé en coéquipier de Ferrell parce qu’il a flingué la star des New York Yankees par erreur. Jaloux de l’inexplicable succès de Ferrell auprès de la gente féminine, la scène où ce dernier invite son coéquipier à la maison pour rencontrer sa femme (jouée par Eva Mendes, qui est toujours aussi « sublime ») est à tomber (comme sa femme) ! Finalement, l’intrigue policière est secondaire, car c’est l’enchaînement de gags (parfois de répétition comme le capitaine de police joué par Michael Keaton, ou bien la bande de clochards qui prends un malin plaisir à partouzer dans la voiture de Ferrell dès qu’il a le dos tourné) qui fonctionne parfaitement. Jamais parodiques mais toujours drôles, Ferrell et McKay n’ont aucune limite pour nous faire rire. On retrouve notamment ce qui fait la force de leur cinéma, à savoir le rythme millimétré des scènes à rallonge. Ainsi, le gag de Ferrell et Mendes s’échangeant des promesses d’actes sexuels débridés et illégaux dans certains états, par l’intermédiaire de la vieille mère de cette dernière, a beau être à rallonge, il sait s’arrêter au bon moment, preuve que Mckay maîtrise la rythmique comique.

« The Other… », pardon, « Very Bad Cops » vous offrira donc un bon moment de détente et de rires comme on en voit trop peu (à l’instar de « Date Limite » cette année).

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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