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Un film de Pascale Bodet

Burlesque mais laborieuse évocation de souffrances d’artistes

Edouard, peintre, attend son ami Charles, poète et critique, devant une station de métro parisienne. Un homme se met à imiter ses gestes. Il s’appelle Gulcan, parle mal le français, et veut être son ami. Lorsque Charles apparaît, il colle aux basques de Jeanne, alors qu’elle rentre à Beaubourg pour une commission artistique…

Lorsque l’on découvre, grâce au carton final, que toute cette histoire était en fait une évocation de l’amitié entre le peintre Edouard Manet et l’auteur Charles Beaudelaire, transposée dans le Paris d’aujourd’hui, avec des personnages cependant actuels, entre galeries d’arts et cafés, on se dit qu’il y avait sans doute là une intéressante idée de départ. Mais à réfléchir rétrospectivement, il est une évidence : malgré ce concept, visant surtout à montrer les souffrance des artistes de toutes les époques, Pascale Bodet nous a clairement perdus en route. Car en projetant son personnage de peintre maudit, à la recherche de la reconnaissance critique de son ami écrivain et le respect du public, en créant une sorte d’anachronisme vestimentaire pour le premier (guindé) mais absolument pas pour le second, l’auteur ne crée pas assez de décalage entre ces deux archétypes pour créer la moindre empathie. Au delà de cela, la tentative de burlesque, principalement portée par le personnage de Gorcan, à la fois mime, miroir, et vecteur de leur potentielle réconciliation, fait rapidement flop après quelques scènes du début plutôt réussies.

Les multiples déformations de mots finissent par devenir exaspérantes, tandis que le principe de la lettre réinterprétée par le personnage qui ne parle pas français est franchement agaçant (surtout quand il est de plus réitéré...). Si quelques thèmes sont néanmoins abordés sur le fond, comme le manque d’inspiration (voire la contrefaçon), la dépression d’un artiste, la différence entre l’admiration de l’homme et de son œuvre,la caricature (inspiré de vrais éléments de l'époque), la dépendance de financements publics ou autres, on retiendra surtout au final quelques détails absurdes qui feront sourire (et qui auraient peut-être mérité des déclinaisons) comme la présence des chats dans ou autour de l’appartement de Charles (un empaillé, un mécanique, un en céramique... dont les yeux brillent dans le noir). Mais tout de même, pas de quoi fouetter un chat.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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