VACANCES FORCÉES

Des personnages peu à peu attachants

Un couple avec trois enfants, dont le mari travaille à la SNCF, s’apprête à partir en vacances, celui-ci offrant à sa femme la location d’une belle villa en bord d’océan. Un éditeur au bord de la faillite emmène une instagrameuse au calme pour qu’elle terminée son livre. Un dentiste accepte de passer du temps avec sa femme et son fils pour deux semaines. Malheureusement à leur arrivée, tous réalisent qu’ils ont loué la même villa. Le pêcheur quei s’occupe de l’entretien des lieux leur propose de partager la maison et d’en diviser le loyer par trois…

En réalisant le remake du film italien "Odio l'estate" (2020), François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard ("Monsieur Je-sais-tout") livrent une comédie aux personnages certes archétypaux, insistant finalement moins sur ce qui divise ces gens, notamment les différences de classes sociales ou de milieux, que sur ce qui peut les unir, ponctuellement tout au moins. Servie par un casting parfaitement calibré, on finit par s’attacher même aux personnages les plus clivants, qu’il s’agisse de l’adolescent surdoué et pédant (Lucas Ponton), de l’influenceuse très premier degré (Claïna Clavaron), qui demande avant tout de la franchise, ou de l’éditeur imbuvable et manipulateur (Laurent Stocker). En quelques moments de voyages mis en parallèle, les personnages sont rapidement installés, à ceux précédemment cités s’ajoutant un père accaparé par son travail et méprisé par son fils (Bertrand Usclat), sa femme exigeante (Pauline Clément), un père travaillant à la SNCF et fan de Gérard Lenorman (Clovis Cornillac) et sa femme très nature (Aure Atika), ainsi qu'un grand père près à tourner la page, un ado pressé de devenir adulte (Thibault Bonenfant) et des enfants.

Grâce à ces personnages qui s’écartent progressivement des clichés, cette magnifique villa avec piscine dénommée "Rêve d’été" (l'inverse du coup, du titre italien) le cauchemar initial va ainsi se transformer en la découverte les uns des autres, passant par quelques moments où situations clés autour de la qualité du livre de l’influenceuse, des préoccupations adolescentes du surdoué, de l’égarement du grand père, ou de l’avenir du personnage de Clovis Cornillac. Celui-ci retrouve d’ailleurs ici enfin un véritable bon rôle, à la hauteur de son talent. L’humour passe finalement autant par les situations (l’escapade du grand père, l’échange improvisé avec les flics...) que par quelques répliques bien senties (à « Blondasse », on répond « ma femme est châtain clair »...), les altercations faciles du début étant remplacées par les enjeux plus intimes de chacun. On ressort de là avec l’envie de créer du lien, mais également d’être aussi généreux que ces personnages, l’air de Richard Lenorman en tête : « la balade des gens heureux ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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