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UNE VIE TOUTE NEUVE

Un film de Ounie Lecomte

Une enfance après l’autre

En 1975, Jin-Hee a 9 ans, et passe une agréable journée avec son père. Ils font les magasins, vont au restaurant, achètent un gâteau. Puis en fin de journée, ils prennent le bus pour aller dans une institution religieuse. C’est alors que celui-ci l’abandonne sans dire un mot…

C’est tout en retenue que la réalisatrice coréenne Ounie Lecomte aborde le délicat sujet de l’abandon. Inspirée par son propre vécu, elle évoque la douloureuse expérience d’une petite fille placée dans un orphelinat. Entre deux destins, Jun-Hee va devoir accepter l’idée que son père ne reviendra pas, avant d’envisager son adoption comme un nouveau départ. Une renaissance forcée, entre les murs gris et froids d’une pension où son désespoir n’est nullement pris en compte. Elle n’est pas mal traitée, elle doit juste se conformer aux règles. Ici pas d’état d’âme, à la moindre rébellion les sœurs lui font comprendre, qu’à l’inverse de ses camarades, elle a connu une vie “aisée” avant l’orphelinat. Une culpabilité accommodante qui laisse la petite fille seule face à elle-même.

Le sujet est bouleversant et pourtant, le film ne sombre nullement dans le pathos, bien au contraire. La mise en scène est épurée, l’image brute, les dialogues sobres et justes. Nul besoin d’appuyer des événements qui parlent déjà d’eux-même. Pour preuve, cette scène extrêmement poignante qui marque l’instant où l’enfant décide de lâcher prise, pour finalement, dans un ultime instinct de survie, accepter qu’une nouvelle vie est possible.

Portrait d’une société dépourvue de sentiments, “Une vie toute neuve” révèle une Corée où, il y encore 35 ans, on pouvait abandonner son enfant en toute impunité ; où les orphelines handicapées ne pouvaient espérer mieux que d’être adoptées pour faire la bonne. Un tableau digne de Dickens dans une ambiance feutrée, où les sévices ne sont pas physiques mais moraux. Pour son premier film, Ounie Lecomte a su prendre la juste distance avec son passé. En résulte une œuvre parfaitement maîtrisée, pure de tout artifice et nullement hermétique. Une bien belle façon de commencer l’année !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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