UNE JEUNESSE FRANÇAISE
Un intéressant portrait croisé de deux raseteurs
Dans le sud de la France, la course camarguaise est devenue pour certains jeunes hommes une raison de vivre, alors que cela ne faisait pas forcément partie de leur culture. On suit ainsi deux hommes, Jawad et Belka, des familles maghrébines Benhammou et Bakloul, dans leur rapport a ce sport, aux taureaux, à leur entourage, mais aussi à la société française…

Après quelques scènes d’exposition, dans des champs, où l’on aperçoit des taureaux puis deux hommes en tenue blanche, leurs noms de famille inscrits dans le dos, c’est à leur double portrait que l’on assistera, dessinant deux trajectoires portées par une même passion. Les trajectoires de deux persévérances, deux victimes de blessures similaires, ceux-ci n’étant véritablement réunis que lors d’un déjeuner chez celui qu’un des deux considérés comme un mentor et un frère. Leur point commun : être issus de familles maghrébines, avec pour l’un une famille en cité, et pour l’autre une enfance passée dans un petit village, où il construit désormais sa propre maison, et un père retourné « au bled ». Là aussi se dégagent deux parcours de familles d’origine étrangère, deux choix de vie, alors que le documentaire évoque en fond le racisme ou la discrimination à l’embauche.
Ponctué de quelques beaux plans en milieu naturel, mais aussi de moments de courses camarguaises, il suffit d’une séance avec Jawad Bakloul pour nous présenter (en même temps qu’à une classe primaire), les règles de cette discipline ou les hommes (la raseteurs) viennent récupérer des attributs positionnés sur la tête du taureau, en lui échappant ensuite par un mouvement en arc de cercle visant à le ralentir et des sauts impressionnants et très physiques sur les rambardes en bois entourant l’arène. Un coup d’œil teinté d'humour sur deux mamies qui regardent le programme et notent les taureaux présents pour nous confirmer qu’il y aussi des connaisseurs dans le public et que c’est bien le taureau qui est le héros de l’épreuve. Et même si quelques ralentis font figure d'effets de style pas forcément utiles (sauf ceux sur les courses), restent deux portraits croisés, montrant la conscience du danger comme la volonté de ces deux jeunes hommes, dont le fait d’être en couple ou père, pourrait changer ou non quelque chose à leur rêve d’accomplissement ou de gloire.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur