UN MONDE VIOLENT

Un film de Maxime Caperan

La violence des laissés-pour-compte

Suite à un braquage de camion ayant mal tourné, deux frères se retrouvent pris en étau. Doucement, mais sûrement, la situation dégénère au point de devenir incontrôlable…

Pour son premier long métrage de fiction, Maxime Caperan s’est entouré de Thomas Finkielkraut à l’écriture, scénariste notamment sur les séries "Tapie", "Baron noir" ou encore "Engrenages". Cette union avait un but clair : donner vie un thriller âpre et rugueux au cœur de la Creuse. Le résultat répondra pleinement aux attentes. Dans le chaos d’un soir de match, on découvre les deux protagonistes en pleine action. Ils sont frères, l’aîné est passé par la case prison, incapable de retenir ses coups lorsque sa rage le submerge ; l’autre est plus taiseux, son visage juvénile dissimulant son âge et les douleurs du quotidien. Ce soir-là, au cœur d’une nuit noire illuminée par les flashs de l’autoroute, ils ont décidé de changer de vie, en braquant un camion rempli de smartphones. Le coup est facile, ils l’ont préparé, cette marchandise était destinée à l’entrepôt dans lequel ils travaillent. Ce sera rapide, sans anicroche, quelques minutes pour une nouvelle vie, loin de cette galère. Le lendemain, le conducteur est retrouvé mort… Le début d’un engrenage qui écrase tout sur son passage.

Western rural, "Un monde violent" maîtrise parfaitement les codes du genre, probablement même un peu trop, appliquant sa recette programmatique sans jamais s’en détourner. L’issue est inéluctable, la spirale infernale déjà toute tracée, mais l’intérêt du film réside ailleurs, dans l’antagonisme des personnages principaux, dans ce qu’il raconte du déterminisme social. Dans cette France des campagnes, on ne sourit plus, on survit, on se bat pour une ferme qui n'a fait que nous endetter depuis des décennies. Ici, tout le monde le sait, l’herbe est plus verte ailleurs. En inscrivant son drame dans une certaine tradition française de l’étude de mœurs, le cinéaste réussit à dépeindre la culpabilité pour mieux raconter l’amour fraternel. Avec une mise en scène assumée, parsemée de travellings énergiques et d’échelles de plans écrasantes, le métrage s’impose comme l’un des bonnes surprises de ce début d’année, rappelant à tous que la violence n’est pas uniquement celle qui fait gicler le sang…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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