U ARE THE UNIVERSE

Un film de Pavlo Ostrikov

Nous ne serons jamais seuls

Synopsis du film

Dans un futur proche, Andriy Melnyk est un camionneur de l’espace qui transporte des déchets nucléaires à bord de son vaisseau vers Callisto, la lune abandonnée de Jupiter. Au cours d’un vol de routine, la Terre explose soudainement, mais Andriy parvient à survivre. Cet accident fera de lui le dernier habitant de l’univers. À moins que…

Critique du film U ARE THE UNIVERSE

D’entrée, on le dit et on insiste là-dessus : que ce film de science-fiction à tonalité humaniste vienne d’Ukraine ne pèse en rien sur le jugement que l’on souhaite poser dessus. Lorsque l’universalité d’un film (et d’un propos) semble à ce point imparable dans son contenu comme dans sa portée, toutes les planètes sont alignées pour aboutir à une sorte de communion implicite en sortant de la salle. Pour preuve, sa projection aux dernières Hallucinations Collectives fut si marquante en matière d’émotions charriées que l’hypothèse d’un geste politique quant à sa victoire au palmarès parut insignifiante en soi. Cela dit, le film ne partait pas forcément gagnant sur le terrain de l’originalité. Des films de science-fiction qui ont pris soin de détailler des aventures spatiales dans un contexte post-destruction de la planète Terre, ça n’est pas si nouveau que ça – même Don Bluth s’y est essayé. Et quand on vous invite à suivre la destinée peu encourageante d’un camionneur de l’espace se retrouvant soudainement tout seul dans l’univers après que notre planète (pas si) bleue ait explosé en mille morceaux, il y a de quoi se sentir en terrain connu vis-à-vis du thème de la solitude dans un cadre spatial – du "2001" de Stanley Kubrick au très beau "Moon", les exemples ne manquent pas.

C’est bien là le seul mini-regret que l’on puisse avoir sur "U are the Universe" : ce film arrive un peu après la bataille. Pour autant, c’est peu dire qu’il sait toucher au cœur, qu’il émeut durablement, et que sa finition technique demeure assez impressionnante pour un projet conçu sur pas moins de sept années par une équipe ukrainienne peu à peu aspirée par le conflit en cours. En l’état, hors de question que l’on se permette de spoiler davantage l’évolution du récit – mieux vaut découvrir le film en en sachant le moins possible. Contentons-nous de signaler et de saluer le caractère universel d’une telle ode à l’entraide et au contact humain (qu’il soit verbal ou physique) dans un monde où l’individualisme menace d’aspirer l’humanité dans un néant qui lui pend au nez. Signalons aussi le renouvellement d’une mise en scène qui profite de son minimalisme pour tisser ici et là de belles échappatoires/parenthèses, parfois même avec humour, comme en témoigne une intelligence artificielle très portée sur les blagues pas drôles et un petit gag visuel en écho direct au chef-d’œuvre de Kubrick. Concluons enfin en disant que cette pépite ukrainienne est un grand moment de cinéma à ne rater sous aucun prétexte et à savourer de préférence dans le confort d’une salle obscure.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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