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TWIXT

La mort dans la Poe

À l’occasion d’une tournée de promotion, un écrivain au succès déclinant arrive dans une petite ville. Il découvre qu’un meurtre mystérieux impliquant une jeune fille s’y est produit. Une nuit, en rêve, un fantôme nommé V lui raconte une étrange histoire qui pourrait avoir un rapport avec le meurtre. Il sera surpris d’apprendre que certaines des réponses aux questions qu’il se pose peuvent être trouvées dans sa propre vie...

Quand on s’appelle Francis Ford Coppola et que l’on a apporté au patrimoine mondial des chefs d’œuvres comme les deux premiers « Parrain » et « Apocalypse Now », que l’on s’est sorti de la faillite après 20 ans de compromis, il n’existe plus beaucoup de monde à qui l’on aurait quelque chose à prouver sur la grande toile blanche. Affranchi de toute contrainte aussi bien financière que d’obligation vis à vis de son public – contrairement à son ami George Lucas – Coppola peut désormais depuis quelques années enchaîner les projets qui lui tiennent à cœur et ce, sans rien devoir à personne. Après « L’Homme sans âge » (2007) et « Tetro » (2009), « Twixt » fait donc partie de cette seconde jeunesse que s’accorde Coppola, faite de films à faible budget et dont, surtout pour « Tetro », le résultat n’a rien à envier à beaucoup de projets récents dopés aux dollars et tournés par des grands noms du cinéma.

Avec son titre faisant penser à deux doigts coupe faim « Twixt » en déroutera plus d’un. Il est vrai qu’aux premiers abords, le résultat peut faire penser à un croisement bâtard entre un épisode de « Chair de poule » et un autre de « La 4ème dimension », le tout porté par un « Fat » Kilmer « Steavenseagalesque » et un Bruce Dern déguisé en John Carpenter. Il n’en est rien… ou presque. D’une franchise affirmée, Coppola livre un film décomplexé et complètement fou. Val Kilmer y incarne Hall Baltimore, un écrivain désabusé, endetté, ayant subi un drame familial, forcé par son éditeur d’écrire des romans sur les sorcières et de se « prostituer » dans des tournées de dédicaces sans succès (il est le Stephen King du pauvre dira son seul lecteur). Le jour où, après avoir croisé le chemin d’un shérif pseudo-romancier détenteur d’un secret sur des meurtres mystérieux survenus dans la région, Hall fait la rencontre d’Edgar Allan Poe. Poe l’aidera, à travers une enquête onirique, à résoudre à la fois l’énigme qui plane sur cette petite ville (une histoire de vampires en apparences) et à faire le deuil de sa fille décédée.

De l'aveu de Coppola lui même, cette histoire lui est venue le jour où il aurait effectué le même rêve. Nul doute dès lors que l'on peut rapprocher cette histoire de sa vie personnelle (comme ce fut souvent le cas d’une certaine façon). Endetté, Coppola le fut. Harcelé par des producteurs le forçant à se répéter, il le fut aussi. On sait que « Le Parrain 2 » et 3, furent acceptés sous la contrainte, imposés par des producteurs exigeant que Coppola reproduise à outrance ce qu’il savait faire (« J’essaye de m’en échapper, mais ils me font replonger à chaque fois » dira un Michael Corleone dans le 3ème épisode). Quand au drame familial, la perte de la fille de Hall dans un accident de bateau renvoie forcement au décès de Gio, le fils aîné de FFC dans un accident au début des années 80. « Twixt » est donc résolument un film extrêmement personnel, parsemé même d’allusions à sa filmographie, avec un personnage secondaire, rebelle du village renvoyant à Rusti James.

Complètement dingue dans sa mise en scène (on se promène littéralement dans un rêve), son montage chaotique, sa photo atypique (les rêves sont surexposés, parfois baveux et colorisés de façon aléatoire) et mené par des acteurs en roue libre appréhendant le sujet avec un second degré certain, « Twixt » se heurtera donc à bon nombre de spectateurs. Mais comme on dit : « On ne peut pas plaire à tout le monde », et ça Coppola le sait bien. Et franchement, il n’en a absolument pas envie… et il a bien raison !

François ReyEnvoyer un message au rédacteur

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