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TU DORS NICOLE

Un film de Stéphane Lafleur

Un petit bijou d’humour et de mélancolie

Seule dans la maison de ses parents partis pour les vacances, Nicole coule des jours tranquilles en attendant de partir elle-même découvrir l’Islande avec sa meilleure amie. L’arrivée inattendue de son frère et de son groupe de rock vient perturber ce farniente estival…

Dans la chaleur étouffante des nuits d’été, Nicole cherche le sommeil. Pour combler son ennui, elle déambule dans les rues de la petite banlieue pavillonnaire où elle a grandi. Avec son petit air mutin de femme enfant, Nicole séduit qui elle veut. Elle papillonne, consomme, mais ne reste jamais le lendemain matin. Son réel désir serait de provoquer un déclic, celui qui lui permettrait de s’évader de cette routine familière.

Filmée en noir et blanc, « Tu dors Nicole » oscille entre la lumière aveuglante des journées caniculaires et la réverbération lunaire des nuits sans sommeil. Cette image soignée, doublée d’une narration contemplative, peut dérouter dans les premières minutes tant elles semblent annoncer un film purement esthétisant. Il suffira d’une scène, celle où la voisine passe l’aspirateur à moitié nue dans son jardin pour aspirer les crottes de son caniche, pour que le film dévoile son style joliment décalé, entre humour et poésie.

Absurde et désinvolte, le style facétieux de Stéphane Lafleur ponctue le film de personnages attachants : le petit voisin étonnamment précoce qui drague Nicole dès qu’il en a l’occasion ; le patron de sa meilleure amie qui offre des promotions à tout va ; le collègue confident de Nicole dans la friperie où elle travaille pour l’été… Un univers fantaisiste presque fantastique qui installe le film dans une atmosphère singulière, sensible et réjouissante.

Éloge de l’ennui estival, « Tu dors Nicole » retranscrit parfaitement cet état second qui nous envahit quand la pression de l’année retombe pour se dissoudre dans la paresse des vacances à la maison ; ce moment d’attente avant de partir réellement en vacances, où on se retrouve à côtoyer ses proches toute la journée plutôt qu’épisodiquement et où l’on cherche des activités pour passer le temps.

Nicole doit ainsi cohabiter avec son frère Rémi, qui en véritable inquisiteur, transforme la maison en studio d’enregistrement, ne se souciant pas un seul instant des personnes qui l’entourent. Un caractère exécrable, totalement opposé à celui de jeune fille qui, toujours conciliante, se retrouve bien malgré elle tributaire des désirs des autres aux dépens des siens. Un très joli portrait de femme parfaitement maîtrisé qui réussit avec beaucoup d’humour à capter ce sentiment complexe et volatile qu’est l’ennui. Une vraie réussite !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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