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TRAP STREET

Un film de Vivian Qu

Cartographie d'une rencontre

Dans une rue de Nanjing, non loin de Shanghai, Li Qiuming, collecte des données topographiques. Une voiture arrive, se gare et lorsque la conductrice sort du véhicule, le jeune homme l’interpelle pour lui indiquer qu’elle risque une amende pour stationnement interdit. La jeune femme lui sourit mais passe son chemin. Amoureux, le jeune homme va alors tout faire pour retrouver cette belle inconnue…

Dans le jargon technique des géomètres, une trap street (rue piège) est une petite rue fantôme inventée par les cartographes pour vérifier qu’ils ne sont pas copiés par des concurrents. Si cette rue apparaît sur d’autres cartes que les leurs, ils peuvent ainsi accuser la société de plagiat et réclamer des droits d’auteur. Ici, notre héros est confronté à l’inverse d’une rue piège. Elle existe réellement mais n’apparaît sur aucune carte. En effet, dés qu’une société fait référence à l’« Allée de la forêt », ses données sont déclarées comme incorrectes par les autorités. C’est dans cette petite rue que Li Qiuming rencontre pour la première fois cette jolie jeune femme qui va l’obséder au point de revenir régulièrement dans le quartier afin de la croiser à nouveau.

Ce petit jeu portera ses fruits puisque il retrouvera à plusieurs reprise la jeune femme, qui bien qu’énigmatique ne reste pas indifférente à ses charmes. Nait ainsi une jolie bluette, qui transportera les tourtereaux dans différents endroits de la ville, tous répertoriés par Liu Quiming, sur une carte indiquant la localisation précise de tous les éléments marquants de sa vie. Or, Le jeune garçon, en parallèle de son travail de géomètre, arrondit ses fins de mois en installant illégalement des caméras de surveillance. Cette activité illicite va malheureusement rattraper notre homme et ainsi donner au film une toute autre tournure que la simple comédie romantique.

En effet, telle l’« Allée de la forêt », bien mystérieuse sous son aspect paisible, "Trap Street" surprend par sa narration inattendue. Comme elle, le film ne nous emmène pas là où on l’attend et la réalisatrice se plait à distiller tout au long du film des indices plus ou moins symboliques (le numéro 203 est récurent, de même que les visions au travers d’une caméra de surveillance). Néanmoins la singularité du scénario est curieusement desservie par une mise en scène épurée tout en étant stylisée. Le film a un petit côté « nouvelle vague » qu’il n’assume pas jusqu’au bout. L’acteur en fait beaucoup trop par rapport au profil de son personnage et certaines ellipses sont un peu floues. Dommage car la trame originale éveille la curiosité du spectateur et offre un regard intéressant sur une Chine à deux vitesses : entre hyper technologie et archaïsme partisan.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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