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TOTTO-CHAN : LA PETITE FILLE A LA FENÊTRE

Un film de Shinnosuke Yakuwa

Le récit doux-amer d’une enfance japonaise particulière, sur fond de Seconde Guerre Mondiale

Tokyo, 1940. La petite Tetsuko, surnommée Totto-Chan, est une enfant hyperactive, que sa maîtresse d’école n’arrive pas à contenir, tant elle est à la foisturbulente et curieuse, passant d’un sujet ou d’une envie à une autre. C’est ainsi que l’institutrice demande à sa mère de trouver à la petite fille une autre école. Inscrite à la Tomoe Academy, dont la salle de classe n’est autre qu’un wagon de train, le directeur commence par écouter les nombreuses histoires qu’elle a à raconter, avant de l’intégrer au groupe d’enfants, avec lequel son enseignement met l’accent sur la créativité des enfants…

Adapté du roman à succès Totto-chan : La petite fille à la fenêtre de Tetsuko Kuroyanagi, cet animé japonais est passé par le Festival d’Annecy 2024, d’où il est reparti avec le Prix Paul Grimault, soit le troisième prix de la compétition. Portrait sensible d’une petite fille aussi éveillée qu’un peu « en retard » dans ses interactions sociales, le scénario correspond parfaitement aux intentions affichées par son réalisateur avant la projection : combattre les préjugés sur les enfants handicapés. En décrivant le quotidien de cette petite-fille et son amitié avec un garçon, Yasuaki, atteint de la polio et de dysfonctionnements moteurs à une jambe et un bras, le film réussit ainsi à créer une réelle empathie envers ses personnages, offrant du même coup quelques beaux moments d’émotion.

Globalement le dessin reste assez simple, avec le choix de traits fins de contours, sans ombrages (sauf pour les chapeaux et vêtements), le relief étant juste signifié par un usage peu heureux de la couleur rose aux contours non définis, sur les lèvres, les joues ou les articulations. Quant aux décors ils semblent globalement surexposés en termes de lumière malgré une action qui se déroule globalement au printemps Heureusement, plusieurs moments (le trajet seule en train, l’arrivée du wagon qui sert de bibliothèque, les instants de bonheur en vacances, à la piscine...) adoptent des formes graphiques différentes, avec crayons aux couleurs soutenues, ou façon croquis avec juste de la couleur pour les cheveux, un phoque ou des poissons… Ils s’avèrent grâce à cela à la fois oniriques et particulièrement réussis.

Décrivant en fond, l’histoire d’un Japon en guerre, dont les événements se font de plus en plus marquants au fil du récit, ce film d’animation plonge ses personnages dans des jours plus sombres, avec notamment l’entrée en guerre des USA en 1941, le rationnement à partir de 1943, ou un départ forcé à la campagne en 1945 évoqué en voix-off. L’histoire, particulièrement touchante, met l’accent sur les conséquences du conflit sur la vie des civils et de cette école au personnel bienveillant, tout en soulignant joliment l’insouciance et les petits bonheurs que savent se ménager les enfants. Une œuvre sensible mais rude, emplie d’espoir malgré la mort qui rode, et réservant sur la fin quelques scènes proprement bouleversantes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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