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TO THE NORTH

Un film de Mihai Mincan

Tensions sur un cargo

1996. Deux jeunes d’Europe de l’est passent en douce les grilles d’un port et embarquent clandestinement sur un cargo chargé de containers, allant de l’Espagne vers le Canada. Mais rapidement, le capitaine Taïwanais en fait jeter un par dessus bord, alors que le second est découvert par l’équipage de philippins, qui décident de le cacher afin qu’il ne subisse pas le même sort…

C’est un récit de survie que propose Mihai Mincan, dans ce premier long métrage intitulé "To The North", qui met face à face des migrants issus d’Europe de l’Est avec un équipe de cargo asiatique. L’originalité est sans doute de cantonner l’action sur le bateau à la manière d'un huis-clos et autour de containers empilés hautement cinématographiques. Le film s’ouvre sur un homme noir se tenant à un bidon dans l’eau, à l’arrière d’un bateau, comme un avertissement de ce qui pourrait arriver à nos deux héros, jeunes gens avec sac à dos qui rêvent de New York et décident de franchir les grilles d’un port pour monter à bord d’un cargo. Puis vient la rencontre avec l'équipage, les Philippins, très croyant, cherchant à protéger le second passager clandestin, 24 ans, alors que son ami est vraisemblablement passé par dessus bord, ceux-ci semblant chercher un corps dans les eaux.

Efficace et tendue, la mise en scène installe ainsi un double suspense, autour d'une protection qui a ses limites à l'approche d'une escale proche de New York, et la violence supposée du capitaine. Le film est ainsi porteur d'une petite réflexion sur le mal qui prend différentes formes (« il n'y a pas qu'un seul mal », mais beaucoup de petites choses qui le composent), le scénario insiste cependant un peu trop sur le caractère religieux, familial et courageux des philippins. Utilisant les nombreux éléments caractéristiques d'un cargo, Mihai Mincan propose cependant quelques plans marquants, dont un avec un fil de lumière permettant au jeune homme d'observer ce qui se passe de dessous, ou un plan zénithal entre les containers alliant utilisation de lampe torche. En en ressort la boule au ventre, doutant de la concrétisation des espoirs du protagoniste, qui ferme les yeux en pensant à ce qu'il pourra désormais faire (ou pas).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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