THE UGLY STEPSISTER

Un film de Emilie Blichfeldt

Une relecture baroque de Cendrillon entre conte et body horror

Synopsis du film

La mère d’Elvira et Alma vient d’épouser un châtelain, qui a lui-même une fille, Agnès, à l’insolente beauté. Avec la mort du châtelain, elle découvre que son mari n’avait pas d’argent, et les créanciers se pressent, s’emparant autant des châteaux que des terres arables. Alors que le corps de celui-ci se décompose, faute de moyens pour payer l’enterrement, les 3 sœurs sont sélectionnées pour participer au bal du Roi, et Elvira se met à rêver qu’elle pourrait séduire le prince Julien…

Critique du film THE UGLY STEPSISTER

"The Ugly Stepsister", découvert dans la section Panorama du Festival de Berlin 2025 et passé depuis pas la compétition des Hallucinations Collectives, donne tout son sens à l’adage « il faut savoir souffrir pour être belle ». Son anti-héroïne, aussi détestable que pathétique, prénommée Elvira (on pense forcément à la fausse sorcière), va en effet s’infliger de terribles traitements pour tenter d’égaler en beauté sa demi-sœur, fille du châtelain que sa mère a épousé par intérêt. Avec son image laiteuse, suggérant un rêve permanent, se transformant peu à peu en cauchemar, le film affiche sa nature de conte, mettant en scène les plus noirs traits de caractère du personnage (et de ceux alentour), peu aidé par ses bagues aux dents, et persuadée, comme les gens de cet univers, que seule la beauté a de la valeur.

Plongeant rapidement dans le body-horror, le métrage nous donne alors à voir les opérations subies par Elvira. Une rectification du nez, cassé à coup de lime après un sadique compte à rebours, côtoie ainsi l’ajout d’extension des cils, une cure d’amincissement inattendue, ou une couture d’épiderme en gros plan. Et le pire sera à découvrir lorsqu’il s’agira de prouver que le soulier lui va bel et bien. Poussant le bouchon assez loin dans l’ignominie et dans le répugnant, Emilie Blichfeldt assume une approche organique, sexuée et baroque, jouant également avec les codes des spectacles de cabaret ou comédies musicales d’antan, et faisant virer son récit au duel sans pitié entre Elvira et sa demi-sœur Agnès (ah la bataille au hachoir !). Bercé par un mélange musical étrange, d’une petite mélodie à la harpe à une musique électro, en passant par une composition mêlée à des cris stridents, "The Ugly Stepsister" s’affiche en conte norvégien sadique, cruel et moderne. Et s’il faut avoir le cœur bien accroché pour ne pas se cacher le regard à plusieurs reprises, on se réjouira aussi des pics envoyés aux notions de domination, le film pouvant également se lire au final comme un pamphlet féministe, ne serait-ce qu’avec la présentation des prétendantes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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