THE SETTLEMENT
Des cris étouffés par la poussière
Hossam, 23 ans, se rend à l’usine d’Alexandrie où travaillait son père, avec son petit frère Maro, 12 ans. Arrivés dans les vestiaires, Hossam prend la tenue et Maro la casquette. Si Hossam n’est pas qualifié, ils ont fait une exception pour lui à cause de la mort de son père. Quant à Maro, on lui trouvera bien une occupation. Mustafa, le chef d’atelier, leur donne des conseils, les intimant à une certaine prudence avec leur machine. Mais au fil des jours, Hossam continue de recevoir des appels d’une mystérieuse employée de l’usine, qui aurait assisté à l’accident qui causa la mort du père. Sur le toit, lors d’une pause, un ami qui travaille ici lui dit qu’il n’aurait pas dû accepter le poste, mais porter plainte…

"The Settlement" est un film égyptien tout trempé de gris et de couleurs éteintes, parlant de la difficulté du deuil pour deux fils dont le père est mort dans un accident à l’usine. Dès l’ouverture, la poussière est omniprésente, alors que les deux garçons se dirigent, le long de la rivière, vers l’usine, prenant le bus au passage. À l’intérieur, les machines paraissent d’un autre temps, donnant l’impression que les deux personnages sont condamnés à une vie de dur labeur, dans la suite de leur père, sans espoir de la moindre perspective. Et ce n’est pas l’attitude du patron, qui va commencer à donner au plus grand des missions annexes, en lien avec de la drogue, qui va éclaircir l’horizon.
Thriller à l’ambiance particulièrement intrigante, jouant habilement sur les décors déshumanisés (des chantiers de nuit, un immeuble délabré…), le film place son protagoniste Hossam, entre espoir d’élucider la réalité de l’accident du père, premier émois avec une employée évanescente, et spirale liée à la réputation de sa communauté. Un étau qui se resserre au fil d’un scénario où fatalité et élans de rébellion se confrontent peu à peu. Insistant sur l’oppression de ses personnages, Mohamed Rashad joue avec ingéniosité avec les sons, notamment le bruit assourdissant des différentes machines, pour mieux nous embarquer à leurs côtés dans un monde vicié.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur