THE RETURN, LE RETOUR D'ULYSSE
Les coulisses du mythe
Synopsis du film
De retour à Ithaque après vingt ans d’exil, Ulysse n’est plus le même homme, au point que personne ne le reconnaît. En son absence, sa femme Pénélope est devenue prisonnière de sa propre demeure, tandis que son fils est menacé de mort par des prétendants au trône. L’ancien Roi de l’île va devoir remettre de l’ordre au plus vite…
Critique du film THE RETURN, LE RETOUR D'ULYSSE
Alors que le prochain blockbuster de Christopher Nolan consacré à Ulysse est annoncé comme « le film le plus épique jamais tourné », l’italien Uberto Pasolini a lui choisi une approche bien différente pour conter le mythe, loin des artifices et des effets spéciaux. Dans son Ithaque dépouillé et fidèle aux écrits antiques, l’ancien Roi est un homme cabossé, vieillard avant l’heure, épuisé par des guerres trop nombreuses pour être oubliées. Lorsqu’il revient après plus de vingt ans, son royaume jadis prospère n’est plus qu’un repaire de malfrats, obligeant son épouse Pénélope à vivre terrée dans leur demeure, alors que son fils, Telemachus, héritier naturel du trône, est menacé de mort par tous ces aspirants dirigeants sans loyauté.
Œuvre atypique, ''The Return'' avance toujours à la limite de l’exercice de style réussi et de la parodie, imposant son procédé théâtral avec brio dans les scènes les plus intimes, mais condamnant les scènes d’action à une maladresse presque risible. Plus concentrée sur les mots que sur les actes, cette adaptation de l’Odyssée s’avère extrêmement bavarde, manquant in fine de souffle pour véritablement nous embarquer en Grèce, l’émotion se retrouvant grandement annihilée par cette épure scénaristique. Si le duo iconique du ''Patient anglais'', Juliette Binoche / Ralph Fiennes fait très bien le job, l’ensemble est trop inégal, comme écrasé par son esthétisme et sa lumière minimaliste, pour ne pas regretter le manque d’ampleur de l’entreprise.
Malgré des corps souvent dénudés et une ambiance homoérotique palpable, l’excitation ne viendra jamais. Reste alors un métrage qui assume son classicisme, pamphlet engagé contre la folie belliqueuse, questionnant directement à travers ses dialogues les agissements déraisonnés dès lors qu’on possède une arme à la main ou un semblant de pouvoir. De cette réflexion tristement encore nécessaire, le cinéaste en tire une légende traitée par le prisme du réalisme. C’est loin d’être parfait, mais cela donne au film une tonalité singulière, qui rend son visionnage a minima intéressant, et même parfois enthousiasmant.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur