THE PHOENICIAN SCHEME
Un ton toujours aussi à part et des décors d’une rare cohérence visuelle
Synopsis du film
1950. Anatole Korda, surnommé « Zsa-zsa », industriel renommé, échappe à nouveau à un assassinat lors d’un vol au dessus des Balkans, en survivant à son sixième crash. Il faut dire qu’il est devenu la cible de toutes les nations du monde et se retrouve donc poursuivi par divers tueurs à gages. Alors qu’il s’engage dans un projet pharaonique, le projet Korda, regroupant un tunnel, un canal et un barrage en Phonicie, dont il espère retirer 5 % de bénéfices durant 150 ans, il décide soudain de désigner son héritière, Liesl, sa fille de vingt ans devenue nonne, ceci contre ses neuf fils…

Critique du film THE PHOENICIAN SCHEME
On a l’impression désormais de connaître par cœur le cinéma de Wes Anderson, réalisateur virtuose, donc chaque plan est calculé (qu’il soit giratoire, zénithal, travelling latéral ou vertical...) et dont les longs métrages sont désormais tournés en décors totalement fabriqués. Il faut en effet remonter à "Moonrise Kingdom" pour voir des décors naturels dans ses films, "The Grand Budapest Hotel" ayant marqué un tournant entre maquettes et décors aux coloris et géométries finement étudiées. Après deux autres films en compétition à Cannes, il est à nouveau reparti bredouille cette année de la Croisette avec "The Phoenician Scheme", film à nouveau foisonnant (il mérite sans doute plusieurs visionnages pour en savourer tous les détails), mais au rythme plus raisonnable et lisible que "The French Dispatch" et au scénario plus épais que le pourtant séduisant "Asteroid City".
On y suit cette fois un homme d’affaires redouté (interprété avec flegme par Benicio Del Toro) faire le tour de différents chantiers au moyen orient, en compagnie de sa fille devenue religieuse (Mia Threapleton) et d’un professeur taciturne (incarné par Michael Cera). Avec un comique visuel, doublé d’un sens de l’absurde, les situations s’enchaînent, entre dangers et menaces de morts sur Korda (une explosion en avion, les flèches décochées par ses fils, des sables mouvants…) et moyens saugrenus pour y échapper (éjections de pilotes, eau bénite, soudaine force surhumaine...). Les seconds rôles apparaissent et disparaissent, permettant à la famille de cinéma de Wes Anderson de faire de petites apparitions (comme Bill Murray dans le rôle, ni plus ni moins… de Dieu). Quant aux décors, ils sont un véritable délice pour le regard, du générique de début en plan zénithal sur une salle de bain d’hôpital (les carreaux et la typo se marient à la perfection) aux différentes étapes du voyage (de vraies cartes postales anciennes), en passant par les perspectives de la demeure monumentale de Korda et l’hôtel de style égyptien. Un régal visuel pour une histoire un peu apaisée et pleine de surprises, pour qui apprécie un humour décalé.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur