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THE NORTHMAN

Un film de Robert Eggers

Un parfait oxymore entre réalisme et onirisme

Alors qu’il a vu enfant son père, le roi Aurvendil, se faire tuer par son oncle Fjolnir, Amleth, prince déchu, part en quête de vengeance…

The Northman film movie

Ça y est, "The Northman", le nouveau film tant attendu de Robert Eggers ("The Witch", "The Lighthouse") dont les bande annonces en ont fait saliver plus d’un, est enfin sur nos écrans. Après les colons de la Nouvelle-Angleterre du XIIe siècle et la vie recluse de deux gardiens de phares du XIXe, c’est chez les vikings qu’il décide cette fois ci de poser sa caméra.

Le film nous raconte donc l’histoire d’Amleth (interprété par Alexander Skarsgård), jeune prince déchu qui part en quête de vengeance envers son oncle Fjolnir qui a tué son père lorsqu’il était enfant. L’histoire est donc assez simple en soi, un simple récit de vengeance, tout ce qu’il y a de plus classique. Le scénario ne dérivera jamais de cela, et le film se contentera simplement de dérouler son récit de manière linéaire, sans embûche ni artifice narrative de quelques sortes. Il existe bien quelques rares rebondissements, mais ceux-ci se voient venir de très loin et ne surprennent jamais le spectateur. De plus, il n’existe aucune progression des personnages dans leur construction, tous restent les mêmes, du début à la fin, ce qui pourra faire tiquer les plus puristes de l’écriture de scénario.

Car il faut bien comprendre qu’au fond, l’intérêt de "The Northman" n’est absolument pas son scénario, très basique, mais sa mise en scène. Robert Eggers s’est fait plaisir, et mélange un style de réalisation mixant à la perfection l’ultra-réalisme et l’onirisme. Le bougre nous gatte, avec des plans d’une composition magistrale et majestueuse à chaque instant, certains relevant quasiment plus de la peinture que du cinéma. De plus, comme dit un peu plus tôt, le mysticisme est très bien rendu, bien que le tout soit filmé de manière réaliste, un mélange qui détonne et peut donc surprendre, d’autant plus que le passage de l’un à l’autre se fait toujours de manière très subtile, souvent au cours d’un plan-séquence ou d’une ellipse maline ou encore d’un jeu de lumière bien pensé.

Le tout donne une ambiance particulière au film, à laquelle il faut adhérer de toute son âme pour pleinement en profiter. Pour cela, le spectateur est plutôt bien aidé par la musique, signée Robin Carolan et Sebastian Gainsborough, qui si elle reste plutôt minimaliste, loin du style d’un John Williams ou d’un Hans Zimmer, nous prends par les tripes au bon moment, augmentant la tension de certaines scènes. Enfin, concernant les acteurs, leurs interprétations théâtrales avec leurs accents nordiques un poil trop forcés mais particulièrement jouissifs, contribuent à créer et à nous plonger dans cette atmosphère si particulière et empreinte de fantaisie, de mysticisme et d’onirisme.

Pour conclure, "The Northman", s’il semble de prime abord trop simpliste dans son écriture et peut être considéré par certains comme un simple film de chef opérateur, arrive à créer une ambiance particulière, rappelant par moment le "Conan" de John Milius, qui arrive à immerger et à fasciner le spectateur, pour peu que ce dernier veuille bien en accepter la forme qui est certes, peu conventionnelle.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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