THE GOOD SISTER

Un film de Sarah Miro Fischer

Un film âpre qui tient surtout sur ses interprètes

Rose est infirmière. Elle partage un appartement avec son frère Sami. Tous deux sont très complices, et lorsque celle-ci reçoit une convocation comme témoin, dans le cadre d’une affaire de viol impliquant son frère, elle ne comprend pas de quoi il s’agit. Elle déclare alors qu’elle n’a rien vu, éludant les bruits d’ébats sexuels dans la chambre d’à côté, qu’elle a pourtant perçus la nuit en question. Pourtant la victime affirme qu’elles se seraient croisées dans le couloir…

Marie Bloching incarne l’anti-héroïne de ce film policier, centré sur une enquête pour viol, mais entièrement orienté par le regard d’une potentielle témoin, non pas de l’acte, mais de l’état de la victime. Une témoin qui pourrait faire basculer la situation, si elle se souvenait, ou plutôt si elle avait fait attention, alors qu’elle rentrait tard… Une témoin qui par essence se retrouve en situation de dilemme, l’accusé étant son frère, avec lequel elle est particulièrement proche. En quelques scènes d’introduction, Sarah Miro Fischer incarne d’ailleurs ce lien, entre le fait quel les deux dorment parfois ensemble, comme quand ils étaient petits, qu’ils partagent des activités et des moments de complicité (ils chahutent lors d’une course dans la rivière, il la porte sur son dos en forêt, elle draguouille l’un de ses potes à lui au club de sport…). C’est alors naturellement qu’un mur de doute et d’incompréhension arrive avec l’accusation portée.

Mettant son personnage face à cette victime inconnue, qu’elle cherche à approcher pour la comprendre, et dans une position elle-même d’exploration de son rapport aux hommes, au travers des regards en cours de dessins et d’un début de relation avec un garçon où elle éprouve la notion de domination physique, le scénario interroge, comme de nombreux autres récemment, la croyance en la parole de la victime, mais aussi la moralité du témoin. Si le film s’avère tendu dans son portrait d’une femme s’interrogeant sur ce qu’elle a vu et potentiellement pas compris, surprend quelque peu par sa conclusion, la forme globale est parfois maladroite, jouant trop sur les codes du thriller (la musique stridente…) dans des moments d’inégale intensité.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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