THE DAMNED

Un film de Thordur Palsson

Croyances et arrangements

Synopsis du film

Dans un village de pêche des côtes islandaises, au XIXe siècle, Eva, qui a perdu son mari Magnus un an plus tôt, tente de maintenir le moral de hommes, malgré les faibles captures des saisons passées. Mais lorsqu’au loin, un voilier est aperçu en train de couler, elle confirme la décision du timonier, Ragnar, de ne pas aller à leur secours, du fait des rochers coupants et du risque de chavirer si les naufragés s’agrippent au bateau. Le lendemain, suite à la découverte d’un tonneau plein de vivres sur la plage, ils décident cependant, en soirée, de se rapprocher du site du naufrage. Quelques survivants, agrippés aux rochers sautent alors à l’eau, tentant de rejoindre leur embarcation. Repoussés, ils font cependant tomber Ragnar à l’eau, et l’une des hommes, Daniel, se retrouve même à devoir fracasser la tête d’un d’entre eux avec une petite hache. Lorsque 7 corps se retrouvent échoués sur le rivage, Helga, vieille femme vivant avec eux, leur propose de ligoter les corps et de faire tourner trois fois chaque cercueil, afin qu’un drauger ne se manifeste pas…

Critique du film THE DAMNED

Sortie directe en VOD le 05 octobre 2025

Présenté en compétition au Festival de Dinard 2025, "The Damned" est un thriller horrifique basé sur des superstitions locales, interrogeant finalement le poids de la faim et de la culpabilité sur les comportements des vivants « beaucoup plus dangereux que les morts », selon les dires d’un des personnages. Assez époustouflant au niveau photographie et usage de la lumière, le film s’ouvre sur un blizzard épais et des paysages de falaises enneigées dans les couleurs bleutées, qui mettent immédiatement dans l’ambiance. On découvre en vue aérienne une silhouette de femme, avançant péniblement dans la neige et traversant de grandes structures en bois, séchoirs vides dans lesquels pendent encore ça et là quelques carcasses des rares poissons des pêches passées. Le décor est planté, et le contexte explicité par la voix-off de cette femme dirigeant désormais les lieux, un an après le décès de son mari : « nous ne devrions pas être là ».

Ce sont ainsi les notions de possession, de survie et de potentielle malédiction qui prendront vite le dessus, sur un quotidien vide faute d’activité, au travers de l’histoire racontée par la vieille Helga (avec force coups sur le bois de son siège), avant que l'on explore les conséquences de la décision funeste de ne pas être sortis en mer, secourir un voilier en plein naufrage. Il faut dire que tout est fait pour rendre les lieux inquiétants, le metteur en scène, Thordur Palsson (réalisateur sur certains épisodes de la série "Les Meurtres de Valhalla - Saison 1") utilisant à merveille le caractère sauvage des lieux (des falaises ventées, une plage où apparaissent des corps, des rochers au loin comme des dents prêtes à cisailler les navires… La pénombre des nuits polaires, le crépuscule, les éclairages des intérieurs, tout concourt à créer l’inquiétude, qu’il renforce encore par l’usage de silhouettes fantomatiques, que ce soit lors de la récupération de parties de la cargaison du navire, ou lors des apparitions du ou des « drauger ». En rajoutant une couche de folklore local, avec ses comptines apprises par cœur (« Beware The Draugr ») et ses rites d’empêchement, le scénario, certes d’apparence assez classique, réserve une conclusion plutôt bien sentie. On sursaute plusieurs fois, on est percuté par les questions d’éthique et l’on finit picturalement envoûtés.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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