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TEMPÊTE

Un film de Samuel Collardey

Quand la réalité rejoint la fiction

Un Breton, père de deux enfants et séparé de sa femme, essaie de concilier son travail et sa vie de famille. Pas simple quand on est marin, qu’on est contraint de s’absenter des semaines durant et qu’on ne roule pas sur l’or…

Ce film est une expérience. "Tempête" est une histoire romanesque à la fois belle, dramatique, sensible et humble. Une histoire universelle qui traite de la famille, de la paternité, de la transmission, des liens qui nous unissent et des combats que l’on mène pour les entretenir. Dans ce troisième film du réalisateur de "L’Apprenti", on retrouve sa patte originelle : celle d’un cinéma où le spectateur est au plus près des personnages, ceux qu'il pourrait connaître ou auxquels il pourrait s’identifier parce qu’ils lui ressemblent, le touchent et parce qu’ils ne sont interprétés par aucune star, même à contre-emploi.

"Tempête", c’est un livre ouvert sur la vie, la vraie. Cette vie faite de vents violents, d’ouragans, de vagues à franchir mais cette vie aussi où la quiétude revient après les bourrasques. Ainsi, le cinéaste alterne les obstacles avec de vrais moments de joie, d’intimité dans un couple ou de complicité entre un père et un fils. Les comédiens sont époustouflants (Dominique Leborne a tout de même été lauréat d’un prix du meilleur acteur à Venise et à Namur). Ils sont magnifiés par le scope et le format 35 mm qui fait de ce film quasi documentaire un grand film de cinéma. On est ému de voir comment Dom fait de son mieux pour tenir le rôle de sa vie, l’un des plus difficiles, celui d’être père. D’ailleurs, quand il est fautif vis-à-vis de sa fille (une absence à un événement important) et qu’il corrige le tir avec son fils (qu’il prend sous son aile pour l’orienter vers un projet commun), le sort semble s’acharner sur lui, démontrant qu’en réalité il n’existe aucun manuel du père parfait.

Après cette expérience, rare et prenante, le générique défile sous nos yeux et l'on découvre, oh ! surprise, que les principaux comédiens, ceux de la cellule familiale représentée, portent les mêmes prénoms et noms que leurs personnages. La fiction venait de dépasser la réalité. Ce livre ouvert était en fait un journal intime. De quoi être encore plus bouleversé par cette tempête qu’on venait de prendre en pleine figure. "Tempête", une oeuvre forte à découvrir.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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