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TAKLUB

Un film de Brillante Mendoza

Une oeuvre poignante

Le passage du typhon Haiyan (ou Yolanda) a fait plus de 4000 morts selon le gouvernement philippin. De nombreuses familles, vivant dans des conditions déjà précaires, ont appris à survivre et pour certaines, ont longtemps cherché leurs proches...

En s'attaquant aux séquelles du passage du typhon Yolanda, Brillante Mendoza signe certainement son meilleur film. Le réalisateur philippin, auteur de « Kinatay », pour lequel il a reçu le prix de la mise en scène à Cannes, signe ici une œuvre crépusculaire, véritable ode au courage son peuple, qui a fait sensation au Festival de Cannes 2016 dans la section Un certain regard.

Autour des conséquences du passage du typhon, en s'intéressant aux destins croisés de plusieurs personnages, pour certains toujours en recherche de leurs proches, l'auteur arrive à créer une œuvre poignante, saisissant à la fois la persistance du traumatisme (le moindre bruit ou pluie devient signe d'une nouvelle menace climatique...) et la difficulté d'un deuil collectif et pourtant toujours individuel. Avec une photographie d'une beauté parfois sordide mais qui marque la rétine, il choque par la cruauté de certaines scènes (l'arrêt cardiaque, heureusement partiellement hors champs, le glissement de terrain...) tout en mettant toujours l'humain en avant.

Autour d'une propriétaire d'un petit restaurant pleine de bonne volonté, il fait ainsi se croiser divers personnages ayant perdu des gens parmi leurs proches. Accompagnant les moments de doute ou de drame par une musique simple et sobre composée de seulement quelques notes, il crée l'angoisse et signe un drame où d'autres suivent, conséquences d'une gestion d'habitations de fortune et de nouvelles pluies dévastatrices.

Décrivant, avec une étrange poésie et une mise en scène par moments proche du documentaire, à la fois un quotidien précaire, les rationnements, et l'entraide salvatrice, il évoque la persévérance et le découragement, et met en avant la capacité de l'Homme à toujours chercher sans relâche pour pouvoir reconstruire. Un film d'une beauté lugubre, aussi saisissant qu'émouvant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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