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SURVIVRE

Un film de Baltasar Kormákur

Un pêcheur qui n’a pas froid aux oreilles

Hiver 1984 sur une petite île islandaise. Des hommes prennent un verre au bar du coin. Parmi eux Gulli qui embarquera le lendemain matin dans un bateau de pêche pour plusieurs jours en mer…

On aime beaucoup Baltasar Kormákur chez Abusdeciné. Ce réalisateur islandais s’est très tôt fait remarquer avec des films singuliers, surtout policiers mais ne faisant jamais l’économie d’une analyse sociale autour de son histoire. On vous conseille vivement de découvrir ses précédents films de "Jar City" à "The Sea" en passant le récent et hollywoodien "Contrebande". Ici, Kormákur revient sur ses terres, ou plutôt ses eaux, et se lance dans un film plus intimiste loin des thrillers qui ont fait de lui un réalisateur à succès.

Avec "Survivre", il relate un fait divers bien connu en Islande mais qui n’aura guère dépassé les frontières de cette île… Un fait divers à glacer le sang de n’importe quel frileux ! Imaginez un peu l’aventure extraordinaire (dans le sens « au-delà des limites de l’habituel ») d’un pêcheur islandais qui s’est retrouvé à devoir nager dans les eaux glaciales de l’océan pendant plus de 6 heures après que son chalutier ait sombré à plus de cinq kilomètres des côtes.

Loin du sensationnel et du sentimentalisme, Kormákur prend son temps et raconte. Son film, qui se veut le plus proche de la réalité, commence d’ailleurs intelligemment dans le quotidien des pêcheurs pour les rattacher à leur condition de vie, austère et rude. Puis il embarque avec les marins. Les spectateurs sentent alors le danger dès les premiers filets jetés à l’eau. Dédié aux pêcheurs islandais, le film les met merveilleusement en scène dans leur élément et n’est pas sans rappeler à cet égard le film "Das Boot" ("Le Bateau") de Wolfgang Petersen.

Kormákur amorce ensuite lentement mais inévitablement le naufrage du bateau de pêche. Et alors qu’il voit mourir de froid ses collègues sous ses yeux, Gulli résiste aux quelques degrés de l’eau, et entreprend de nager sans s’arrêter vers les côtes de son île… Débute ainsi une véritable odyssée, certes loin de la flamboyance du dernier film d’Ang Lee, mais tout autant prenante et poétique. Comment ne pas être ému quand une mouette devient son seul compagnon de route (on pense à Tom Hanks, "Seul au monde" avec son ballon Wilson), ou quand il voit défiler devant lui le film de sa vie, et surtout quand il demande au Tout-Puissant de lui laisser une dernière journée sur Terre où il pourra accomplir tout ce qu’il n’a pas osé faire jusqu’à aujourd’hui…

Miraculeusement, l’homme arrive à rejoindre son île, mais son périple n’est pas terminé. Après avoir bravé les eaux, l’homme devra marcher quelques heures encore sur des terres rocheuses et coupantes pour rejoindre les premières maisons habitées… Le comédien qui interprète Gulli est tout bonnement incroyable. Ólafur Darri Ólafsson mérite juste un Oscar pour tout ce que Kormákur lui a fait endurer durant le tournage ! Ce rescapé miraculé n’en aura pourtant pas fini, devenant pour tout un pays un héros mais aussi une bête de foire médiatique et scientifique. Kormákur analyse assez justement notre besoin de comprendre l’inexplicable, faisant passer les machines et la science devant l’homme… Un homme qui a réellement vécu cette incroyable histoire… un homme surnommé aujourd’hui « le phoque » !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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