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SUNTAN

Quand la jeunesse est finie, elle est finie pour de bon

Kostis est un médecin de 42 ans qui vient prendre ses nouvelles fonctions dans une petite île touristique grecque. Nous sommes en hiver et le village est calme. La saison touristique arrivant avec son lot de jeunes fêtards, Kostis succombe aux charmes d’une patiente tombée de moto. Il se fait très vite embarquer dans sa bande, délaissant peu à peu son travail…

Dégarni et affublé d’un embonpoint peu avantageux, lorsqu’on le voit descendre du ferry pour fouler le sol de d’une île touristique des Cyclades grecques hors saison, on sent bien que Kostis est un quarantenaire qui a dû manquer plusieurs trains au cours de sa vie. Le petit village où il prend ses fonctions de médecin est vide et morne en hiver, mais on l’avertit que l’été est chaud (et pas qu’en terme de températures) à Antiparos, une destination touristique en vogue chez les nudistes. Plutôt réservé et pas franchement ouvert socialement, il prétend ne pas être tenté. Mais une fois les premiers touristes arrivés, il tombe sur Anna, une touriste tombée de scooter avec sa bande internationale de joyeux lurons. La jeune et belle de 21 ans n’hésite pas envoyer des signaux ne manquant pas de dérouter le quarantenaire dont on imagine qu’il n’a eu que très peu d’occasions d’être courtisé par d’aussi jolies jeunes femmes.

Angyris Papadimitropoulos, qui signe ici son troisième long (après « Bank gang », et « Wasted Youth » coréalisé avec Jan Vogel), filme avec un certain brio l’immédiate inclinaison de Kostis envers la jeune force sexuelle et décomplexée incarnée par Anna mais aussi envers sa bande. Ses irrémédiables allers et venues à la recherche des jeunes dont l’acceptation semble si facile en façade, facilitée par une Anna espiègle jouant ou ne se rendant pas compte de la fragilité sentimentale du docteur, sont éloquents quant à sa solitude subie et son obsession envers la jeune femme. Les retrouvailles inopinées avec un ancien camarade devenu chirurgien, venu profiter de l’île avec sa famille, renvoient Kostis à ses propres échecs. Et l’on sent bien qu’il perçoit l’intérêt d’Anna pour sa personne comme une opportunité inespérée de rattraper sa vie.

Le réalisateur met constamment en contraste les corps nus, bronzés, sveltes et toniques de cette bande de jeunes, avec la peau poilue, blanche et flasque d'un Kostis qui garde toujours son short. Et l'hédonisme décomplexé et affiché des uns finit par mettre Kostis à l’écart. Le malaise est du coup de plus en plus palpable à mesure que le groupe se joue de lui et que le docteur s’en rend compte. Le vortex passionnel dans lequel s’engouffre Kostis par la suite est certes choquant mais n’est crédible que grâce à l’impeccable écriture du personnage et à l'interprétation.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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