SUKKWAN ISLAND
Souvenirs d’un père se sentant à l’écart
Synopsis du film
Roy débarque dans une petite ville du sud de l’Alaska, où il retrouve Anna, pilote d’hydravion. Elle l’emmène au chalet, sur Sukkwan Island, où son père Tom, décédé il y a 10 ans, l’avait convié à passer un an avec lui, alors qu’il avait tout juste 13 ans. Il souhaite en effet voir le chalet avant qu’il ne soit détruit…
Critique du film SUKKWAN ISLAND
C’est une bonne surprise que "Sukkwan Island", adapté du roman de David Vann, chronique d’une année passée sur une île isolée du sud de l'Alaska, entre un père et son fils. Un film au scénario qui prend sa réelle dimension sur la fin, après un long flash-back à l’époque des 13 ans du héros, et alors que l’on reboucle sur plusieurs scènes du début (non seulement liées à son désir de revoir le chalet mais aussi au moment où son père a eu cette idée de passer un moment à deux), et que quelques cartons viennent expliquer la démarche d’ensemble. Avec un personnage de père séparé, désireux de vivre avec son fils une expérience extrême, au contact de la nature, dans un isolement que seul pouvait briser l’hydravion d’Anna ou la nécessité de faire une pause dans l’expérience, le film prend rapidement une tournure à la "Into The Wild", mettant les deux hommes face à une nature pas si amicale et face à leurs propres limites.
Swann Arlaud trouve ici l’un de ses meilleurs rôles, incarnant ce père, déjà partiellement coupé de son fils par la langue, mais aussi par la distance imposée par la mère. Il est le facteur de perturbation, autant que les éléments (neige, vents, pluie, froid…), de l’harmonie tant espérée, flirtant avec l’obsession. Face à lui, le jeune Woody Norman ne démérite pas, s’avérant parfaitement convaincant dans l’incarnation d’une crédulité adolescente mêlée à quelques interrogations sur les véritables objectifs de ce père, à la fois intransigeant et complice. Les moments de communion fonctionnent à merveille, magnifiés par une photographie qui utilise au mieux l’amplitude de la nature environnante (eaux gelées, rivages sauvages, aurores boréales…). Il en va de même des moments de tensions, aidés par une caméra portée qui sème la confusion et suggère progressivement l’aspect borderline du père. Un film intimiste sur un lien qui s’estompe, d’où se dégage une douce fébrilité et une émotion discrète, à découvrir sur grand écran pour mieux s'immerger avec les personnages.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur


