STRANGER EYES
La douleur de l’absence
Synopsis du film
À la demande de la police, une mère visiblement accablée, visionne des vidéos où l’on voit une petite fille avec ses parents. Le père, en apparence résigné, distribue des affichettes sur Bo près de l’aire de jeu où leur fille a disparu, mais se met à suivre une femme qui refuse de considérer celle-ci. Peu après, la mère visionne un enregistrement déposé à leur appartement par un inconnu, et sur lequel on voit son mari avec leur fille, au supermarché. Bientôt une autre vidéo arrive, où l’on voit celui-ci en train de suivre la femme qui a refusé l’affichette…

Critique du film STRANGER EYES
Drame intimiste avant d’être un film policier ou un thriller, "Stranger Eyes" de Siew Hua Yeo, réalisateur singapourien, parvient à maintenir un suspense autour de deux mystères initiaux : la disparition d’une petite fille, perdue de vue quelques minutes le temps d’un coup de fil, dans une aire de jeu, et la présence d’un voyeur, filmant des moments intimes de la vie du couple, et voulant que ceux-ci le sache. Si l’on pense un instant au "Caché" de Michael Haneke, le long métrage en vient ici à faire résonner l’existence de ce mystérieux voisin qui les épie, avec le destin de ce couple que l’absence de leur fille ronge irrémédiablement.
Parti de ce drôle d’adage exprimé à un moment du film, « gardez les yeux sur quelqu’un, il finira par devenir un criminel », le réalisateur-scénariste, déjà auteur de "Les Étendues imaginaires", compose une double histoire troublante, impliquant les blessures d’un homme seul et les fêlures d’un couple. Avec une photographie soignée, il joue aussi sur la démultiplication des regards, de ces appartements de l’immeuble d’en face qui sont autant d’yeux potentiels, à ces grappes de caméras de surveillance et ce mur d’images anonymes. En inversant intelligemment le regard du voyeur, ce sont deux récits qui s’imbriquent en un seul, créant une histoire déchirante, chacun voulant parfois voir en l’autre ce qui l’arrange.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur