STITCH HEAD

Un film de Steve Hudson et Toby Genkel

Un joli personnage en quête d’une forme d'amour

Synopsis du film

Stitch Head a été la première créature créé par un savant fou, Erasmus, vivant dans le chateau de Grotteskew; dont il est devenu l’assistant, chargé notamment de capter la foudre les soirs d’orage. Mais ce professeur ne s’intéresse pas vraiment à lui, obsédé par sa quête de création, et Stitch Head se laisse convaincre par un directeur de cirque, Fulbert Freakfinder, passant dans le village voisin (Grubbers Nubbin), de rejoindre sa troupe, espérant être enfin aimé, au moins des spectateurs…

Critique du film STITCH HEAD

Basé sur l’histoire de la créature de Frankenstein, "Stitch Head" est l’adaptation du premier de la série de romans graphiques de Guy Bass (il y a 6 volumes au total), qui constitue en réalité la première partie de l’histoire du film, le scénario ajoutant une seconde partie à l’extérieur du château, alors que le protagoniste accepte de devenir un des monstres du cirque, voulant voir, en la reconnaissance du public, une forme d’amour. Mais ce conte, qui se teint alors des influences de "Pinocchio" (l’illusion d’affection remplaçant ici l’illusion de liberté) et de "Freaks" (pour les personnages emmenés par le monsieur Loyal, Fulbert Freakfinder), se transformera alors en parcours initiatique pour le jeune Stitch Head, exploité jusqu’a être mis en danger, et ignorant l’amour de ses amis restés au château, dans leur dortoir.

La galerie de monstres, encore enrichie lors du passage du dessin 2D aux images de synthèse, devrait enchanter les plus petits, regroupant une tête de crapaud sur ressort, un requin doté d’un bras, une femme à tête d’aquarium, un cyclope poilu à queue d’iguane, et même une limace à tête de chien montée sur skate board… Steve Hudson s’amuse à moderniser ponctuellement certains aspects du conte, en détournant certains personnages tels les habitants du village, devenus des fans demandant autographes, jetant des culottes ou prenant des selfies, ou en introduisant un spot à la manière d’un film d’entreprise expliquant pourquoi chaque créature doit « ne pas être trop monstrueuse ». Le choix de la chanson qui revient par trois fois dans le métrage « Are you ready for monsters  ? » (« êtes vous prêts pour les monstres ? ») va lui dans un sens contraire, incitant à exploiter les créatures pour effrayer des spectateurs avides de sensations ou fascinés par une différence qui les choque.

Jouant du comique de répétition, avec notamment l’excellent passage où le monsieur Loyal du cirque tente d’entrer en contact avec quelqu’un du château (sur une échelle, un fil de funambule, par catapulte, dans un cheval de Troie…), le tout faisant l’objet d’un réjouissant montage, le film réserve aussi quelques moments mêlant spectaculaire et poésie, comme lors de l’échappée de Stitch Head par les airs, entre dirigeable, échelle et corde, le tout sur fond du Beau Danube Bleu de Johann Strauss fils. On aime ainsi à se laisser embarquer à la suite de son attachant personnage central. Et au final, à la fois ludique et émouvant, "Stitch Head" apparaît comme un conte gentiment macabre, qui met en scène de gentils monstres, en faisant l’éloge de la différence et invitant à ouvrir les yeux sur l’existence de formes d'amour dans son entourage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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