SPRINGSTEEN : DELIVER ME FROM NOWHERE
Un biopic touchant et à la forme plutôt originale
Synopsis du film
À l’aube du succès, après avoir placé un tube dans les 10 premiers du Billboard et fait une tournée triomphale, Bruce Springsteen, la trentaine, tente de composer et de garder une indépendance sur ses enregistrements. Inspiré par des faits divers autant que par sa famille et son passé, il enregistre lui-même sur un magnétophone quatre pistes, ce qui deviendra l’album Nebraska. Mais les perspectives d’engagement dans un couple avec Faye, qui a une fille, la pression des studios, les traumatismes du passé, vont peu à peu le pousser à s’isoler…
Critique du film SPRINGSTEEN : DELIVER ME FROM NOWHERE
Le film démarre en noir et blanc sur deux scènes en 1957, alors que le petit Bruce est envoyé par sa mère chercher son père dans un bar, puis que depuis sa chambre, réfugié sur son lit, il entend ses parents s'engueuler, et les pas de son père montant les escaliers… tel un danger imminent. Basculant ensuite en couleur, en 1981 à Cincinnati, à la fin d’un concert qui l’a laissé en sueur, au contact de son manager c’est la mesure d’un début de succès que l’on peut prendre en quelques plans. Le biopic se déroulera alors autour des différentes chansons composées par l’artiste, sans systématisme aucun sur la manière de les inclure au récit, au travers d’un montage de destins parallèles, de l’aperçu d’un souvenir, de répétitions, d’une séance d’enregistrement, d’une écoute chez le producteur…
Cette capacité à se mouvoir d’une forme à l’autre, tout en gardant en ligne de mire la playlist du futur album (qui en deviendra en réalité deux…), fait l’originalité de ce biopic réduit en termes d’années adultes, mais riche de réguliers flash-back noir et blanc permettant de mesurer la distance du chanteur avec un père alcoolique. Jeremy Allen White ("Iron Claw", les séries "The Bear" et "Shameless (version US)") interprète avec force mimiques ou postures ressemblantes, le Boss, légende du rock, envahi peu à peu par des névroses liées à son enfance. Et si les dialogues (notamment les scènes amoureuses) sont parfois d’une belle banalité, ou si certaines scènes semblent appuyées (les gros plans, les ralentis et décompositions, pour le malaise…), on pardonnera au metteur en scène, Scott Cooper ("Les Brasiers de la Colère", "Hostiles"), capable de sublimer quelques flash-back au pied d’une colline, ou un baiser donné dans un manège à petits chevaux, qui vous élève soudainement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur


