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SPERMAGEDDON

Une réjouissante comédie, forcément vouée à devenir culte

Jens, adolescent, part en camping, où il se rapproche de Lisa. Tous deux sont bien décidés à avoir leur premier rapport sexuel. Mais dans le corps de Jens, les spermatozoïdes, dont Simon et Camilia se préparent à l’objectif de leur vie, la grande course vers l’oeuf, qu’on appelle au spermageddon. Mais le chemin vers celui-ci ne sera pas de tout repos, d’autant que la concurrence est rude, et les deux ados peu expérimentés…

Passé par une mémorable séance de minuit du dernier Festival d'Annecy, "Spermageddon" est une comédie animée norvégienne dont les héros ne sont autres que des spermatozoïdes, que l'on peut apparenter à des ados, garçon (Simon) et fille (Camilia). Signé Rasmus A. Sivertsen, habitué d'une stop-motion réjouissante (le duo Solan et Ludvig des très bons "De la Neige pour Noël", "La Grande Course au fromage" et "Le Voyage dans la lune", ou les animaux de l'adaptation "Dans la forêt enchantée de Oukybouky"), qui poursuit ici son exploration de la 3D (entamée avec "Super Lion" sorti en mai dernier). Mais le film aussi est co-réalisé par Tommy Wirkola, à qui l'on doit notamment des films d'action tels que "Seven Sisters" ou l’irrévérencieux"Violent Night", et également co-signé niveau scénario par Jesper Sundnes à qui l'on doit le script de "Dead Snow 2", un film de zombies nazis. Et le mélange est proprement détonnant, donnant lieu à de nombreuses scènes qui sont assurées de devenir rapidement cultes, le trio mettant en parallèle les premiers émois et expériences érotiques et sexuelles de deux personnages d'adolescents (Jens et Lisa) et la course à l’œuf engagée entre les spermatozoïdes aux destins pas finalement « tout tracé ».

Après une introduction des plus jouissives, si l'on peut dire, dans laquelle un montage présente différents sorts malheureux réservés aux spermatozoïdes (finissant sur des seins, dans des chaussettes au lave linge, dans les toilettes, voire congelés au freezer, et j'en passe...), le film joue sur diverses hésitations, expérimentations et erreurs des vrais ados, qui sont autant de rebondissements pour l'aventure intérieure de nos petites bêtes. Certains sont surprenants (l'un d'eux entraînant d'ailleurs un avertissement à la fin du générique qui s'avère aussi pertinent que drôle), accompagnés de jeux de mots efficaces (notons que Simon = Simun, de semen = semence / Camilia = cumilla, de cum = jouir) et de l'apparition de personnages ou objets secondaires détournés : les moines du pré-cum, le musclé Jizzmo et son éjaculator 9000 pour éliminer la concurrence, les méchantes créatures du gel spermicide, les 3 petits mafieux décidés à faire des triplés... Le design rose pâle des spermatozoïdes est plutôt réussi, chacun étant affublé d'un semblant de coiffure ou d'ustensiles permettant de les reconnaître ou les qualifier. Quant au parallèle entre la course et la préparation d'un lancement de fusée, il est particulièrement pertinent, comprenant notamment ses moments de panique (alarmes) ou de flottement lors de « mise en orbite »...

Semblant oser absolument tout, les auteurs nous gratifient également de quelques scènes de comédie musicale, aux genres différents, assez irrésistibles de par leurs protagonistes ou leurs paroles, qu'il s'agisse de l'ode "Dans les couilles", du "Jour est arrivé" (le fameux spermageddon du titre) ou de la chanson de la bactérie E. Coli, que l'on « reverra si vous ne vous lavez pas les mains » (sic !). Au final "Spermageddon" est une comédie rythmée aux futures scènes cultes, qui a le mérite de dédramatiser non seulement le premier rapport, l’importance de la taille du sexe de l'homme, mais également la rude décision qu'est l'avortement. Un film où les ados ne sont jamais pris pour des imbéciles (la discussion entre Jens et son père est particulièrement bien vue), dans l'esprit gentiment salace et provocateur de "Sausage Party" et "Ronal le barbare", qui est forcément voué à devenir culte, chez les ados comme chez les adultes qui n'auont pas oublié qu'ils l'ont un jour eux-mêmes été.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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