SPECTATEURS !

Un film de Arnaud Desplechin

La vibrante condition du spectateur

Arnaud Desplechin revient sur l’histoire du cinéma et sur sa propre histoire de spectateur devenu cinéaste, pour interroger le rôle et le devenir de l’image projetée…

Étrange objet que le nouveau film d’Arnaud Desplechin ("Roi et Reine"), à la fois autobiographie, histoire du cinéma, réflexion sur la condition de spectateur, ombre de la grande Histoire dans l’image projetée... Certains resteront sans doute hermétiques à l’expérience et à ses multiples chapitres, qui semblent s’éloigner du personnel pour aller vers le théorique, pour finalement revenir à l’intime. D’autres seront touchés, car ils s’y reconnaîtront ou verront en miroir leur propre questionnement sur l’image et son rôle dans une vie ou dans la vie collective, ou car le rapport du metteur en scène à une œuvre spécifique résonnera en particulier (ici "Shoah" de Claude Lanzmann, sur lequel l’auteur insiste longuement.

Avec cette phrase qui revient comme un leitmotiv (« qu’est-ce qu’il arrive à la réalité lorsqu’elle est projetée sur écran ») Desplechin semble poursuivre ses propres questionnements, au delà de ce qui l'a mené de l’état de Spectateur, à celui de réalisateur. Pour aborder les prémisses du cinéma (le temps photographié et projeté sur écran), son enfance, ses études, ses salles préférées, l’expérience collective, le point du vue unique et pourtant partagé du spectateur, le caractère thérapeutique ou éducatif du cinéma, il utilise des interviews, des témoignages d’experts, comme des reconstituions avec des interprètes plus ou moins connues. Si certains passages s’apparentant à des souvenirs (notamment avec sa grand mère, formidable Françoise Lebrun), sont sans doute les plus touchants, si les échanges rejoués entre étudiants semblent trop écrits, l’ensemble aura forcément un écho différent chez chacun.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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