SPECIAL OPERATION
L’incursion russe à Tchernobyl vue par des caméras de surveillances
Début 2022, peu après le début de l’opération spéciale russe, visant à envahir l’Ukraine et renverser le pouvoir de Kiev, les chars russes pénétrèrent dans la centrale nucléaire de Tchernobyl…

Si le matériel utilisé pour ce documentaire, "Special Operation", a le mérite d’être original (il s’agit d’images de vidéo surveillance de la centrale de Tchernobyl), on ressort de ce documentaire en s’interrogeant sur l’intérêt de ce montage, montrant une esplanade comme certains intérieurs de bâtiments, et suivant l’installation et le départ des troupes russes. Car en prenant le parti d’une absence de commentaire, pour laisser seules les images parler, et donner à voir les flux et reflux de l’invasion, on ne sait pas trop ce qui est ici exprimé.
Que les troupes russes aient mis en danger l’Ukraine et au-delà, en s’emparant d’une centrale nucléaire sensible ? Cela est une certitude, mais à aucun moment les images montées ne suggèrent ce danger d’un sabotage des lieux ou d'un dérapage possible. Seul reste un message radio incitant à la prise de potassium en cas d’accident nucléaire, ou un autre en pleine neige, sur la peur des explosions lointaines. Que le retrait soit une forme de victoire pour l’Ukraine ? C’est sans doute la cas, mais ici point de retour des ukrainiens, juste ce regard extérieur dont on nous fait témoin, comme surveillant sa propriété (depuis un mat sur une place, dans un bâtiment où des bidasses passent un portique de sécurité, affaires de bains à la main…).
Du coup que penser de cette absence de narration que même l’image peine à palier, ne dégageant pas même une poésie déplacée, et se contentant d’aligner les faits : arrivée de troupes, déchargement de cartons, discours devant des journalistes, arrivée de la neige, multiplication de gens avec des badges ou des sacs plastiques, bruits d’hélicos ou avions, files de camions qui partent… Tout cela reste étrangement abstrait, ne servant finalement aucun message ni aucune des parties. Reste comme le dit le dossier des presses, des « preuves » de la tentative de déstabilisation nucléaire, considérée comme un crime de guerre. Mais est-ce que cela fait « cinéma » ?
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur