SOUND OF FALLING

Un film de Mascha Schilinski

Aussi envoûtant qu’agaçant

Synopsis du film

L’histoire d’une ferme sur quatre époques. Quatre portraits de jeunes femmes sur des décennies, avec des drames qui ne cessent de se reproduire, miroir des maux systémiques de notre société…

Critique du film SOUND OF FALLING

Comme le premier long métrage de Mascha Schilinski, ''Dark Blue Girl'', n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salles dans de nombreux pays, dont la France, ''Sound of Falling'' était pour beaucoup la découverte de cette cinéaste. Et le moindre qu’on le puisse dire, c’est qu’après ces quasi trois heures passées dans son univers torturé, nombreux sont désormais ceux qui ne l’oublieront pas. Des corps amputés, des enfants qui meurent encore et encore. Un rite mortuaire étrange. Le malheur est omniprésent, à moins que cette famille de paysans ne le convoque pour un dessein encore plus macabre ? Pendant 30 minutes, on ne comprend pas vraiment ce qui se joue devant nos yeux. Durant la suite du film, on ne domptera pas vraiment plus ce scénario nébuleux.

Pourtant, la rétine reste collée à l’écran, éblouie par une mise en scène qui invite le symbolisme de Terrence Malick aux expérimentations sonores de Jonathan Glazer épisode ''La Zone d’Intérêt'', tutoyant même par soubresauts la poésie morbide de Lynch. On pourrait aussi invoquer Michael Haneke, Jane Campion, Lynne Ramsay tant l’esthétisme de la réalisatrice allemande porte la marque des plus grands. Dans cette œuvre d’apparence austère, tout est question de détails. Dans la froideur de son ouverture, la lumière est alors teintée d’une douce chaleur d’éclairage à la chandelle. Rien ne sera jamais figé, rien ne sera évident. Indéniablement, le film prend le risque de dérouter une grande partie du public, et d’ainsi générer un profond rejet. D’ailleurs, la Croisette a été immédiatement divisée suite au visionnage de ce premier film de la Compétition.

De cette région rurale de l’Allemagne où la caméra se fige dans un corps de ferme, les époques défilent, mais les maux demeurent, les protagonistes changent mais les fantômes du passé hantent les murs. L’objectif n’est pas de construire un récit labyrinthique, mais d’inviter à une expérience sensorielle où l’onirisme rime avec le malaise. Car la noirceur est totale, les images exposées toujours plus difficilement supportables. Bien que la forme soit sibylline, le message est clair : depuis un siècle, les femmes subissent des violences physiques et morales. À l’image de ses personnages qui disparaissent, du caractère parfois aléatoire de l’enchaînement des séquences, cette brutalité se terre partout, hier comme aujourd’hui, entraînant inéluctablement des points communs entre les drames, parce que cette histoire se répète encore trop. Frustrant par sa volonté artificielle de toujours en rajouter, d’être nécessairement plus aride qu’avec la scène précédente, ''Sound of Falling'' demeure une expérience qui marquera à coup sûr cette édition 2025 du Festival de Cannes.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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