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SOLUTIONS LOCALES POUR UN DÉSORDRE GLOBAL

Un film de Coline Serreau

Edifiant et passionnant

Un tour du monde des conséquences de l’agriculture intensive et des alternatives mises en place par certaines coopérations agricoles pour résister aux méthodes de productions dictées par les conglomérats agro-alimentaires…

Après un premier documentaire sur les droits des femmes il y a trente sept ans, Coline Serreau, cinéaste reconnue pour ses engagements, nous revient avec un documentaire sur l’agriculture. Thème cher à de nombreux cinéastes altermondialistes, « Solutions locales pour un désordre global » se distingue de « Food, Inc », « Le monde selon Monsanto » et autres « We feed the world » par des propositions concrètes pour contrer le système. La grande force de ce documentaire est d’éviter les grands messages moralisateurs et culpabilisateurs pour mieux donner la parole à de véritables acteurs de l’agriculture bio.

Les interlocuteurs sont d’ailleurs souvent très éloquents et le documentaire puise sa force dans la verve de certains d’entre eux. Claude Bourguignon, par exemple, qui décortique le système à grand coups d’humour cinglant est criant de vérité. Les intervenants sont donc tour à tour drôles, séducteurs et convaincants et communiquent cette passion qu’ils éprouvent pour la terre. En revanche, aucune seconde de parole n’est accordée aux pollueurs, choix délibéré de la réalisatrice, qui ne cache pas sa position.

« Solutions locales pour un désordre global » se démarque aussi dans son sujet. En cause, toujours les multinationales agro-alimentaires et l’industrie pétrochimique produisant les pesticides. Coline Serreau ne développe pas vraiment les abus liés à l’élevage que l’on connait déjà grâce aux documentaires précités. Même si le propos évoque les dérives génétiques sur les animaux, son documentaire est principalement une ode à la terre et complète donc parfaitement un « We feed the world ». Les Bourguignons nous rappellent qu’elle est un terreau de vie et démontrent tout les méfaits des pesticides qui tuent ce microcosme si utile et rendent petit à petit la terre infertile.

Les divers intervenants expliquent l’asservissement de l’agriculture de proximité, la disparition progressive des maraîchers, l’interdiction aberrante de faire pousser des espèces de fruits et légumes qui ne font pas partie du catalogue officiel. Le constat est similaire à celui du « Temps des Grâces » mais Serreau s’attache plutôt à démontrer que le retour à une agriculture plus traditionnelle non seulement ne détruit pas la terre, mais peut-être bien plus productive. Les exemples concrets issus des quatre coins du monde affluent et la réalisatrice plébiscite clairement ces méthodes. Les comparaisons entre des récoltes nourries aux pesticides et celles issues d’une terre saine sont d’ailleurs très éloquentes.

Au final, la grande qualité de ce documentaire est de ne pas tomber dans l'alarmisme et la dénonciation stérile. Les alternatives proposées sont crédibles et présentées par des intervenants hauts en couleurs. C’est certainement ce qui rend ce documentaire si passionnant à suivre.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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