SIX JOURS

Un film de Juan Carlos Medina

Six jours et beaucoup d’ennui

Particulièrement impliqué dans l’enquête sur le décès d’une petite fille suite à un kidnapping, Malik échoue à retrouver le meurtrier. Dix ans plus tard, alors que l’affaire risque d’être classée définitivement, il lui reste six jours pour trouver une nouvelle piste. Et pour la première fois depuis longtemps, le policier pourrait bien tenir un élément probant…

Bien qu’il soit américain, le cinéaste Juan Carlos Medina aime tourner loin de ses frontières. Après un premier long métrage remarqué, ''Insensibles'', film d’horreur qui utilisait l’épouvante pour exorciser le passé trouble de l’Espagne, le réalisateur avait ensuite mis en boîte ''Golem, le tueur de Londres'', un efficace polar qui lorgnait là aussi du côté du fantastique, directement sorti en VOD chez nous. Le revoici donc sur grand écran, et cette fois, il pose sa caméra dans l’hexagone, et plus précisément dans le Nord de la France. Malik est un flic à l’ancienne, son instinct prévalant sur les démarches administratives et le respect de la hiérarchie. Mais depuis dix ans, il est hanté par une affaire, celle d’une gamine décédée après un kidnapping. Une décennie à rechercher le moindre indice, le début d’une piste solide. Alors qu’il reste six jours avant que le cas ne soit classé, la mère de la gamine refait surface dans la vie de l’enquêteur, lui rappelant le compte-à-rebours. Et il se pourrait bien qu’une fleur posée sur le lieu du drame leur permette d’entrevoir un nouvel espoir.

Dans ce thriller où seule la nuit vient stopper la pluie incessante, le métrage se rêve avant tout comme la rencontre entre l’ambiance anxiogène des films de David Fincher, ''Seven'' en référence sacro-sainte, et l’inventivité esthétique des polars asiatiques. Si quelques scènes marqueront les esprits, à l’image de la séquence du marché, cela ne suffira pas pour insuffler une véritable nervosité à l’ensemble. Alors qu’on s’attendait à un thriller âpre, parcouru d’âmes tourmentées et rongées par la culpabilité, le résultat est plus proche du drame en pantoufles, où l’on vient nourrir le public d’invraisemblances pour redynamiser un scenario qui ne répond jamais à la promesse de son pitch. À force d’enchaîner les rebondissements peu crédibles sur une bande son omniprésente et harassante, ''Six jours'' finit même par tourner à la caricature, alignant tous les poncifs du genre. Vous vous rappelez de cette histoire de policier qui ne respecte pas les règles mais qui résout toujours les affaires ? Mais si, celle où sa hiérarchie lui mettait des bâtons dans les roues et où il devait faire cavalier seul, car il était l’unique individu à voir que les apparences étaient trompeuses ? Et bien, en voici la millième version… Malgré le talent des comédiens, rien de nouveau donc à se mettre sous la dent. « Circulez, il n’y a rien à voir » comme le dirait un officier.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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