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SHORTBUS

The sex film project

Les destins croisés de plusieurs personnages en quête d’eux-même et en pleins doutes sur leur sexualité. Ils vont tous se retrouver au Shortbus, bar de nuit aux mœurs plus que libres…

Une séance de minuit du Festival de Cannes en ce samedi soir, et une excitation palpable pour la présentation de ce Shortbus, précédé d’une sulfureuse rumeur. Après Edward and the angry inch, John Cameron Mitchell nous revient avec un nouveau film, très personnel et tourné avec les moyens du bord. Un projet longtemps intitulé The sex film project, toute une histoire…

Côté provocation, on n’est pas déçu. Dés la première scène, les tabous volent en éclat. Ici, l’acte sexuel n’est pas seulement évoqué, mais bel et bien montré. La première partie du film va ainsi nous présenter toute une galerie de personnages, dans leur quotidien, leurs perversions et leurs ébats. Rapidement cependant, de larges failles apparaissent, et on va découvrir les problèmes et les faiblesses des différents personnages : une dominatrice, une sexologue qui n’a jamais connu l’orgasme, un couple homo qui veut tenter une expérience à trois pour pimenter sa vie sexuelle…

On a bien envie ici de parler de cinéma réalité, tant les problématiques abordées sont personnelles et bien réelles. Les acteurs sont des amateurs, qui se sont lancés à corps perdus dans ce projet. L’un d’eux évoquant même l’idée que « l’ensemble des orgasmes à l’écran sont bien réels ».

Malgré un premier abord presque pornographique, Shortbus est bien plus qu’un simple recueil de fantasmes. Le spectateur est vite confronté aux réflexions et aux troubles des personnages et, quoi qu’ils fassent, ne pourra pas s’empêcher de ressentir un profond attachement pour eux. Avec l’arrivée au Shorbus qui sera le point de rendez-vous de cette jeunesse perdue, le film prend alors tout son sens. Les dialogues font mouche, et on se trouve alors à la croisée des chemins entre émotion, cocasserie et sexe. Des situations parfois abracadabrantesques viennent alors donner de la fraîcheur à un film profond et globalement pessimiste.

Au travers de ces héros perdus, c’est bien le portrait d’une Amérique en quête de repères que dresse le réalisateur, comme en témoignent notamment les plans sur Ground Zero, ou de nombreuses réflexions des personnages. Après des débuts tonitruants, le film s’enfonce dans une profonde réflexion qui, bien que passionnante, va parfois traîner en longueur.

La réaction du public est à la hauteur des espérances, une salle surchauffée pour cette séance nocturne, où se mêlent des rires francs, des rires jaunes, et des étouffements outrés, avant une ovation finale remarquable pour toute l’équipe de ce film. Il n’était d’ailleurs pas rare d’entendre des salves d’applaudissements saluer les prouesses sexuelles et les orgasmes des acteurs…

Un pari réussi pour John Cameron Mitchell qui signe ici un film très personnel, visiblement surpris et ému par l’accueil qu’il a reçu, fondant en larme avec le reste de son équipe. Un film magnifique, qu’on ne conseillera par contre qu’à un public averti.

Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur

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