SHE LOVED BLOSSOMS MORE

Un film de Yannis Veeslemes

Un film sous substance

Trois frères reprennent les travaux de leur père pour construire une machine à remonter le temps. Leur but : sauver leur mère. Mais leur plan va prendre une autre tournure lorsque l’un d’entre eux ramène sa petite amie…

Coproduction grecque, européenne et française, "She loved blossoms more" nous est présenté en cette 32ème édition du Festival de Gérardmer par son réalisateur comme un objet contemplatif voire psychédélique. On ne peut pas dire que sur ce point le cinéaste ait menti. Au fur et à mesure d’un début cryptique, on découvre ces trois frères vivant dans une maison où le bordel ambiant côtoie leur laboratoire de fortune où ils expérimentent leur machine à remonter le temps. Leur père, Logo, joué par Dominique Pinon, leur envoie des instructions et du budget afin de mener à bien ce projet familial avec comme objectif de ramener leur mère d'entre les morts. Ce qui nous frappe tout de suite c’est bien entendu la mise en scène aérienne, aux plans serrés, qui rend compte de l’état mental de cette famille brisée et sur le déclin : les objets s’amoncellent, les bouteilles d’alcools sont vides, les cendriers pleins à raz-bord de cigarettes et on découvre un festival de drogues à tout-va. Leur énergie entière est concentrée à créer cette fameuse machine à remonter le temps.

Certains reprocheront l’austérité du scénario qui ne dissémine que rarement les éléments narratifs, mais on comprend que ces pauvres enfants sont en quête de l’amour de leurs parents, quitte à y sacrifier leur vie, poussés par un père égoïste qui remet la responsabilité à ses fils. Nous ne dévoilerons pas les quelques surprises, autant visuelles (les expériences qui tournent mal sont un délice) qu’au niveau du déroulé de l’histoire.Mais il est clair que ce long métrage risque d’en laisser plus d’un sur le carreau, et à raison au vu d’un final qui s’étire. On comprend la démarche vis-à-vis du spectateur, en essayant de l'amener dans un voyage sur la quête illusoire de l’amour parental (d’où le titre du film... quand vous l’aurez vu vous comprendrez) aux confins de l’expérimentation sonore et visuelle jusqu’à un certain trop plein.

Mais le morceau finit par l’emporter, soutenu par des acteurs convaincants, un sous-texte nihiliste et des effets spéciaux de toute beauté (réalisés par le Studio 26 : cocorico). Pour peu qu’on prête attention aux indices ici et là, le constat est amer : dans n’importe quelle réalité, la quête de l’amour de ses parents est un puits sans fond, une lutte sans victoire. On a donc envie de soutenir ce genre de projets de niches, qui tente de raconter leur histoire avec le seul pouvoir évocateur de ses images tout en remettant en question les narrations dites classiques. Pour le prochain essai, il serait agréable de tendre vers un équilibre qui permettrait de rendre l’objet un poil moins élitiste.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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