SHADOWBOX
Portrait d’une épouse indienne attentionnée et persévérante
Inde. Maya cumule les petits boulots pour maintenir sa maison à flot, après que son mari, ancien militaire, mis à la retraite, soit incapable de trouver un nouveau travail. Atteint de stress post-traumatique, celui-ci passe son temps à ramasser des grenouilles et reste la plupart du temps, mutique. Décidée à prendre les choses en mains, elle a eu vent d’un poste en mairie et doit passer remplir avec lui un formulaire. Mais celui-ci ne se présente pas…

C’est du côté de la section Perspectives, consacrée aux premiers long-métrages, que l’on a pu découvrir hier après-midi, un très joli film indien intitulé "ShadowBox", par un duo de réalisateur et réalisatrice. Quand on dit que la charge mentale des femmes et nettement supérieure à celle des hommes, ce n’est pas le personnage central du film qui va démentir les choses. Maya prépare en effet le petit déjeuner de son fils adolescent Bude, la douche de son mari Sandur, ancien militaire, avant de partir, rendre des vêtements lavés à différents clients, faire des courses pour une employeuse chez qui elle fait le ménage, nourrir ses poulets, et de passer en mairie, remplir un formulaire de candidature pour son mari. Peu aidée par l’attitude des hommes, qu’il ne faut ni vexer ni bousculer, elle prend pourtant l’initiative de chercher du travail pour Sandur, dont la douceur cache un stress post-traumatisme qui le limite pour l’instant à la collecte des grenouilles pour les revendre à des lieux d’enseignement ou des laboratoires.
Nous plongeant dès le départ, avec le trajet matinal à vélo de l’héroïne dans des décors où pauvreté et pollution dominent (elle porte souvent un masque en tissu…), le tendu "Shadowbox" se double progressivement d’un thriller, le mari devenant suspect d’un meurtre et la présence de la police se faisant insistante. A cette image, les décors à la végétation envahissante deviennent peu à peu plus dénudés, laissant les espoirs et rêves de l’héroïne de côté, dans un récit en partie sacrificiel qui ménage suspense tout en décrivant en sous texte la situation de la femme en Inde. Un sérieux prétendant au prix Perspectives, par l'âpreté du récit comme l'interprétation tenace de son actrice principale, Tillotama Shome, vue auparavant dans "Monsieur".
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur